Lorsqu’on est jeune, que les boutons d’acné et les points noirs commencent dangereusement à pointer sur la zone T du visage et que la voix déraille, les hormones et la curiosité ont le pouvoir de transformer le plus adorable et casanier des poussins à sa maman en adolescent teigneux et téméraire, en machine de guerre prête à tout pour braver les interdits parentaux. On commence à dire « non » à ses ascendants, on ne jure que par les toilettes de chat, on porte des coiffures et des fringues absurdes et on ingurgite tout et n’importe quoi. En résumé, on fait tout pour s’affirmer en s’affranchissant du moule familial. Hors de question de marcher dans les pas de son père. On est jeune, rebelle, l’avenir est à nous, on encule à sec la société et c’est comme ça. C’est avant tout le temps des premiers émois, des premières amours et des premières crétineries. Etant aussi désirable et sexué qu’un poulpe, je suivais bêtement mes meilleurs amis de l’époque, amis qui commençaient allègrement à se pinter en soirée, à fumer des cigarettes qui font rire et qui adoraient lire les revues coquines uniquement destinées à un public majeur averti. Cependant, avant prendre un plaisir certain à faire tirelipimpon sur le chihuahua en reluquant les croupes rebondies et fermes de la playmate du mois, plusieurs épreuves attendent l’adolescent en rut avant de pouvoir remplacer le catalogue de la Redoute et ses célèbres pages lingerie.
S’il fallait se procurer le fameux magazine, il fallait avant tout trouver la planque de la mort qui tue dans sa chambre afin d’éviter de se faire griller par son père ou pire par sa mère, persuadée d’avoir enfanté l’enfant du diable. De mon côté, rien de plus simple. Tel un tombeau, la plaque de marbre de la cheminée de ma chambre pouvait glisser, libérant ainsi une cachette idéale. II fallait également éviter de se faire prendre par un surveillant en plein échange entre deux cours. Car à l’époque internet n’existait pas, et seul un gentil libraire pouvait fournir les fameuses revues éroticocochonnes. Notre école étant située aux alentours de la gare de l’Est, les points presse SNCF se trouvaient donc être de formidables dealers: proximité, anonymat et choix large et varié: Lui, Newlook, Playboy, Penthouse et autres publications olé olé importées d’Allemagne et des États-Unis étaient à notre disposition. Il suffisait juste d’avoir le courage de rentrer dans la boutique, de se diriger vers le rayon adulte et passer à la caisse en transpirant d’assurance. Lorsque la caisse était tenue par un homme, le pari était gagné à l’avance. Lorsqu’il fallait passer par la case « femme-coincée-d’allure-sévère », nous avions une chance sur deux que la vilaine libraire nous demande une pièce d’identité. La procédure était vraiment très humiliante et nous n’avions alors comme option que de remettre en place le précieux magazine.
J’ai compris un peu plus tard que les magazines « Modes et travaux » ou « Le chasseur français » auraient eu le même effet sur ma libido car j’étais finalement plus attiré par la bite que par les voluptueuses mamelles et la chattoune. De nos jours, plus besoin de passer par la case Relai H pour mater du nichon. Je pensais bien naïvement que la plupart des magazines de charme avaient disparu, pour laisser place à des revues glacées un peu plus trash vendues avec DVD, ou à une presse dite plus populaire et racoleuse qui n’hésite pas à capitaliser sur la fesse pour vendre du papier, à l’instar d’Entrevue. J’ai donc été très surpris de constater que l’édition française de Playboy était toujours publiée. Je n’ai bien évidemment pas résisté à l’envie d’acheter le dernier numéro. Première constatation: la revue est vraiment très chic et peu vulgaire. Les photographies sont artistiques et très stylées. Un lecteur non averti penserait même lire le mensuel « Photo ». Les articles sont très proches de Gentleman Quaterly. Richard Branson explique comment survivre à la crise, déjouer la mort et s’enrichir au passage, Franz Ferdinand parle de son dernier album et Djian revient sur sa vie et son œuvre. Tradition oblige, une jeune fille nous dévoile (très pudiquement) des charmes en page centrale et Paz de la Huerta est habilement photographiée par Hellen von Unwerth. J’ai même pensé un court instant à m’abonner. Comme quoi, il n’y a plus de saison. Les poils pubiens et les clichés vulgaires ont donc disparus de la plus célèbre des revues pour homme. Même pas eu honte en l’achetant. Cette dernière édition reste donc bien en évidence sur notre bureau, même si Snooze n’est pas spécialement friand du concept.
Playboy, édition de février-mars 2009, en vente dans les meilleures crèmeries.
Encore un magnifique billet avec son lot d’images et expressions croustillantes. Le « à faire tirelipimpon sur le chihuahua » me fait hurler de rire. Trop fort le Chondrounet ! Bizzzzz :clap_tb:
Ah… La Redoute… (soupir, pas si nostalgique que ca en fait)
Chattoune ?!?!
La photo de couverture n’est pas sans attraits, la mention « Paz de la Huerta par Ellen von Unwerth » a quelque chose d’enchanteur, même si je ne connais ni l’une ni l’autre, hélas le titre « Le luxe selon Playboy/rêver/se faire plaisir/je désire consommer donc je suis » me fait grave débander. Tant pis :furious_tb:
(Ah et puis tiens :dunce_tb:, je m’en vais de ce pas faire un petit ricochet historico-politique sur mon blog).
Et pour ceux qui n’ont pas le catalogue de La Redoute, Les 3 Suisses ou la CAMIF font aussi bien l’affaire.
Même plus besoin de le cacher dans Courrier Cadres, alors ? Tout se perd, mon brave monsieur !!
Vas y Snooze ! balance le au feu !
Y’avait plus de Honcho?? :clap_tb:
Tu vas commencer une collec de Playboy pour rajouter aux Figaro de ta cave ?
Un petit PC demain soir ? Moi oui, un petit tour.
Et les filles ados alors, elles étaient censées faire quoi, à ton avis ?
Moi c’est LUI que j’avais acheté à 17ans et ça m’avait grave donné chaud d’aller au kiosque… Le magazine,lui, m’avait déçu!
Les catalogues de la Redoute, ça c’était de la bonne littérature homo-érotique… les pages slibards pour hommes rien que d’y repenser ça m’émoustille, tiens!… je pensais pas que cela fusse un si bon souvenir. Merci roidetrefle-dârling!
…et NewLook ça existe toujours :wub_tb:
et Play girl, alors, on l’oublie! mais je me souviens du premier LUI , avec des photos de Nancy Sinatra vêtue de la célèbre paire de bottes qui étaient faites pour marcher! mais vous n’avez pas connu en France la vague des magazines « tout public de cinéma » qui ont longtemps surfé sur la vague déferlante du porno chic et choc et qui pour pas cher offraient aux lecteurs boutonneux ou même plus des images propres à réveiller l’andouillette ?
@ Gossbeau: Tu aimes te faire tirelipimpon sur le chihuahua? :king_tb:
@ Vincent: La redoute et ses fameuses pages petit électroménager. :furious_tb:
@ Sasa: C’est mignon Chattoune, non? :clap_tb:
@ Janu: Paz de la Huerta par Ellen von Unwerth, c’est très chic! :bye_tb:
@ Sameplayer: Sans compter Vert Baudet. Mais pas Damart! :blink_tb:
@ Anne: Et il n’y a plus de saisons… :jittery_tb:
@ linkiseb: Jamais. C’est mon playboy à moi! :huh_tb:
@ MarcelD: Jamais acheté. Tu as la collection complète? :wub_tb:
@ Fauvette: Chiche! Pour le PC, je me tâte car je risque de sortir un peu tard.
Pour les filles, il y avait Playgirl, non? :blush_tb:
@ Littleblue: Je crois également que le la première revue achetée fut Lui, dans un kiosque près de la station Bolivar. J’étais tout rouge. :clap_tb:
@ Fab: De rien chouchou! Pour Newlook, j’ai bien l’impression que oui. Mais c’est très vulgaire, il y a tout plein de nichons. :blink_tb:
@ Joseph: Réveiller l’andouillette, tiens tiens… :king_tb:
Alors tu n’es pas venu au PC. Tant pis.
J’aime beaucoup « transpirer d’assurance ».
Tu me fais penser que depuis un moment je médite un billet qui croiserait le thème « pas si facile d’être un garçon » et que ceci en fait partie.
Sinon, j’espère que Playtruc t’a offert un pont d’or pour une si belle publicité :bye_tb:
Mais oui, c’est très chic comme magazine, même pas besoin de l’envelopper de plastique noir ! (oui, on est abonnés… enfin, comment dire ? mon mari s’est abonné le soir de nos 10 ans de mariage… tu crois que c’est un signe, toi ?)