Le but de notre dernière séance de tapinage en compagnie de Traou, Nanette, Gilda et Madama Abricot était de prendre des places pour Tosca. Quelques places pour la Traviata qui se jouait à Garnier étaient également encore disponibles. J’avais déjà eu la chance d’assister à une représentation en juillet. Je connaissais donc la mise en scène sobre et les décors austères d’Anna Viebrock inspirés de la salle de spectacle de l’ancien Kulturaus de Chemnitz. Je savais également que Christine Schäfer, soprano interprétant le rôle de Violetta, n’était pas forcement à sa place dans cet opéra.
Qu’importe. Je souhaitais avant tout faire découvrir cette oeuvre à mon mari, qui reste l’un de mes opéras préférés, dans l’écrin qu’est l’opéra Garnier récemment rénové. Première déception: il était impossible de se promener dans les salons, reservés par de grandes sociétés pour un dîner de gala. Les salauds de pauvres que nous étions étaient donc priés de s’éloigner des tables. L’accès aux toilettes était toutefois gracieusement autorisé.
Le livret de la Traviata n’est pas des plus joyeux. Violetta Valery est une demi-mondaine parisienne qui passe son temps à participer et organiser de grandes réception. C’est la fête du slip. On boit, on danse, on s’amuse et on fait des rencontres. Lors d’une soirée, Violetta rencontre le beau Alfredo Germont. Cupidon passe par là, les deux tourtereaux tombent amoureux, c’est chabadabada à fond les ballons. Les amoureux décident de se réfugier dans la maison de campagne de Violetta. Manque de chance, Elle n’a plus un radis et doit petit à petit vendre bijoux et meubles sans toutefois en parler à son amant qui vit sur un petit nuage. Entre temps, le père d’Alfredo débarque et demande à Violetta de s’éloigner de son fils. Sa réputation de mondaine lui colle à la peau et il lui parait fort peu convenable qu’une gourgandine de renom mettre le grappin sur son fils. Cerise sur le gâteau, Violetta à les poumons pourris par la tuberculose. Elle passe son temps à cracher ses bacilles de Koch et ne va pas tarder à mourir dans d’atroces souffrances. Une seule option s’offre à elle: se sacrifier en larguant son chéri, passer pour la reine des salopes et crever seule à Paris. Ambiance.
Cette opéra transpire l’émotion et la distribution proposée le 8 novembre dernier transpirait le néant. Nul, moche, sale, mou, fade, zéro. Aucune émotion, aucun charisme. Le public était très dissipé. La salle devait être remplie de comités d’entreprises. Les spectateurs autour de nous se levaient, buvaient, mangeaient, toussaient et parlaient. Ma voisine allemande est tombée dans les pommes. Alfredo (Stefano Secco) était aussi désirable qu’une huître laiteuse. Rien à voir avec la brillante interprétation de Jonas Kaufman en juillet. L’orchestre était d’une rare médiocrité. Quant à Violetta, elle était à huer après avoir notamment massacré le fameux « Sempre libera ». Même José Van Dam s’est planté en flinguant l’air le plus émouvant de l’opéra (« Dite alla Giovine »). Il nous était donc impossible de rester jusqu’au bout et nous nous sommes lâchement enfuis au beau milieu du second acte.
Nous n’étions pas les seuls. L’occasion de se promener en amoureux dans les couloirs et les escaliers de l’opéra quasiment vides.
Autre ambiance et autre qualité de spectacle la semaine dernière avec Tosca. Nous avons serré nos petites fesses jusqu’au dernier moment car le maintient de la représentation ne tenait qu’à un fil en cette période de grève. J’avais également prétexté une diarrhée atomique afin de ne me rendre que le lendemain en mission à Londres et rater ainsi une occasion de bitcher avec Fabounet.
Ambiance Chartreuse de Parme. L’heure n’est pas à la fête en ce mois de juin 1800. Cesare Angelotti, l’ancien consul de la République de Rome, s’échappe de sa prison et se réfugie dans l’église Sant’ Adrea della Valle ou sa soeur lui a caché des vêtements de femme afin qu’il se déguise et s’enfuie de la ville. Au même moment, Mario peint une fresque dans l’église. Il est amoureux de la belle et jalouse cantatrice Tosca. Si Mario est un aristocrate, il est avant tout sympathisant des idées républicaines et propose d’aider Cesare à s’enfuir. Tosca est chaude comme de la braise. Elle pense qu’il y a hippopotame sous caillou et suspecte son bellâtre de la tromper. Le méchant chef de la police Scarpia suspecte le pauvre Mario. Le fourbe excite la jalousie de Tosca afin de connaître la planque de Cesare. Les troupes ne trouveront pas Cesare mais Mario qui sera torturé. En échange de sa libération, Tosca révèle la cachette de Cesare et consent à coucher avec Scarpia. Encore une histoire de cul. Mario passera bien devant un peloton d’exécution mais les armes seront chargées à blanc.
Avant de passer à la casserole, Tosca poignarde Scarpia et part rejoindre son chéri. Manque de chance, les fusils contiennent de vraies balles. Mario part manger les pissenlits par la racine, on découvre l’assassinat de Scarpia et Tosca finit par se suicider en se jetant dans le vide.
Toutes les conditions étaient réunies pour assister à une représentation des plus réussies. La mise en scène de Werner Schroeter était classique mais originale et l’interprétation était grandiose. Nous avions déjà eu la chance de voir sur scène Catherine Naglestad dans le rôle de Norma à San Francisco il y a deux ans déjà. Beaucoup de classe et d’émotion de dégagent de cette soprano élue chanteuse e l’année outre-Rhin l’année dernière pour ses interprétations d’Alceste et Norma. Séquence mouillage de culotte intense et silence religieux pendant l’interprétation du fameux « Vissi d’Arte ». Vladimir Galouzine (Mario) balançait divinement la purée, Samuel Ramey (Scarpia) (dont ma mère est amoureuse depuis longtemps) a assuré et rien à redire côté orchestre. En résumé, trois heures de grand bonheur. Certainement le meilleur opéra proposé à Bastille depuis Lucia di Lammermoor l’année dernière.
Comment passer du coq à l’âne? Tout simplement en assistant au concert d’Elodie Frégé donné samedi dernier à la nouvelle Eve. J’aime beaucoup cette salle intimiste. Le public est proche de l’artiste et l’acoustique est généralement bonne. La première impression fut toutefois étrange. Le public ne correspondait absolument pas à ce que nous attendions (i.e. beaucoup de pédés). L’ambiance était plutôt quinquagénaire célibataire agriculteur beaussien abonné au chasseur Français. Quelques copines étaient cependant présentes. Mon voisin était littéralement hypnotisé par Elodie Frégé. Il la suivait sur toute sa tournée et lui avait acheté un joli bouquet de fleurs. Il discutait avec un autre fan qui semblait tout connaître la vie et l’oeuvre de l’artiste. Assez flippant.
Joséphine était en première partie. Ce fut une très bonne surprise. La jeune femme, charmante et voluptueuse, à réussi à charmer l’auditoire avec son joli brin de voix, son bagout et ses chansons à texte. Elodie Frégé arriva enfin et resta sur scène près de deux heures. Ce fut véritablement une révélation. Après un premier album de commande produit dans l’urgence et raté, son deuxième album est une pure réussite. Le concert débuta par la chanson écrite par Jacques Lanzmann (la fidélité) et fut principalement consacré aux titres écrits et composés par elle-même et par Benjamin Biolay. Des reprises ont ponctué le concert, notamment un surprenant « fais moi mal Johnny » sous acide. L’ambiance était très existentialiste. Le son était d’une grande qualité. Elodie Frégé fut charmante, sexy et charmeuse et chanta divinement juste. Elle fut parfaite dans son rôle d’auteur-compositeur-interprète.
Pour Elodie Frégé, Tapez 1. :wub_tb:
Je ne connais absolument pas Elodie Fregé, je vais allez l’écouter, mais déjà j’aime bien Joséphine.
J’adore ta façon de raconter les opéras, tu aurais fait un carton au JMF (du temps de ma jeunesse nous avions droit mensuellement à une mini conférence aux Jeunesses musicales de France juste avant d’écouter un concert) :clap_tb:
Je redécouvre, grâce à toi, toutes ces histoires si souvent rabâchées, mais qui là prennent une certaine fraîcheur.
bon une tite tournée à Lille parce que ces jours ci il m’est difficile de me rendre à la Capitale :mad_tb:
Dis donc, toi, arrête de dauber sur les comités d’entreprise je te priye. Même si c’est pour nous faire rire avec tes résumés de livrets très inspirés (les résumés).
je suis sûr qu’Elodie Frégé n’a pas fait la moindre différence entre vous et les agriculteurs quinquagénaires beaussiens ! hihihi :devil_tb:
C’est quand le prochain tapinage ?
Tu vas héberger Juju? :jittery_tb:
Très classe les illustrations de la Traviata !
Oh ben, j’ai appris plein de choses ici, aujourd’hui. Surtout l’histoire de la Tosca. J’aime tout particulierement le coup de « oui, je veux bien coucher avec toi, mais d’abord je dois te poignarder sauvagement ».
Bon alors pas de regret pour la Traviata !
Demain c’est La Tosca pour nous, mais sans certitude, grève pas grève à l’Opéra ?
Mais je ne connais pas Elodie Frégé ni Joséphine, je n’arrive pas à suivre Monsieur roidetrefle !
Et ben nous avec Marcel et Ditom on bitchait et on faisait les mega-connasses! :jittery_tb:
Ou l’art du grand écart !
:happy_tb:
@ Valérie: Je suis persuadé que le dernier album d’Elodie Frégé te plaira. :thumbup_tb:
@ Arnaud: Tournée Tosca ou Frégé? :laugh_tb:
@ Anne: C’est promis, je ne recommencerai plus Anne! :dunce_tb:
@ fcrank: Je n’en attendais pas moi de toi mon sucre d’orge. :wub_tb:
@ Madama Abricot: Pour le prochain Verdi début janvier.
Mais je n’arrive pas à me connecter sur le wiki de Koz… :huh_tb:
@ Psykokwak: Juju passe à la maison quand il le veut, accompagné ou non de Tri-Tinh. :happy_tb:
@ TarValanion: Il y avait vraiment plus de passion à l’époque. On imagine facilement le couple Cécilia-Nicolas… :jittery_tb:
@ Fauvette: Je te promets de te faire écouter Elodie Frégé lors de notre prochain tapin! :bye_tb:
@ Fab la reine de tout l’univers: gnagnagnagnagnaaaaaaa! :king_tb:
@ Celui qu’il …: Il faut rester po-ly-va-lent moi j’dis. :thumbup_tb:
Concernant le wiki de Koz’ je te rappelle que l’adresse a changé :
http://wiki.kozlika.org/chair-et-os:proselytes :happy_tb:
Oh oui Jonas Kaufman !! :wub_tb:
Mais alors moi qui comme Fauvette ait des places pour ce soir très incertain, c’est bien cynique de ta part de nous raconter tout ça !
bah moi, ta note elle me dégoûte (et pas seulement à cause du fait que tu te sois procuré une photo de mes toilettes…) Bah oui, nous devions aller voir Tosca avec le petit Marcel, et la grève des personnels de l’opéra nous en a empêché. :furious_tb:
Autrement, il passe quand Michal, hein, dis? :jittery_tb:
>La Traviata : « Euh…chouette, cela donne vraiment envie… » ^
Ben je viens de vérifier, pas d’Elodie par chez moi, ;-(
J’ai toujours aimé son charme froid (c’est pas un peu antinomique ?) et ce que j’ai entendu ne me déplaît pas. Merci du tuyau.
Ah ! Norma ! mon premier opéra !