S’il y a bien un truc qui me troue le cul autant que les cyclistes qui ne respectent pas le code de la route à Paris, c’est bien la populace odieuse avec laquelle je voyage lorsque je me rends à Londres pour mon agence. Comme presque tous les mois, je devais rencontrer mes gentils collègues européens. La première réunion ne commençant qu’en début d’après midi, je salivais déjà à l’idée de passer une demi-journée à arpenter les couloirs du British Museum et accessoirement à l’idée de faire un peu de shoping. Le plan était simple : Prendre l’avion de 8h30 à Orly Ouest, arriver une heure plus tard à Londres et me rendre directement au Musée. Des places pour « The First Emperor, China’s terracotta army » étaient vendues dès 9h15 pour la journée. C’était sans compter les caprices de la météo. Tous les aéroports londoniens étaient fermés. Le célèbre fog avait pris possession des pistes de décollage et d’atterrissage. Aucun avion ne décollait en direction du London City Airport, ni vers Heathrow. La loose.
Dans ce cas bien précis, les gentilles hôtesses de l’air serrent leurs petites fesses bien fermes car elles savent qu’une nuée d’hommes d’affaire hystériques et toxiques va leur tomber dessus et accessoirement les insulter. Air France n’était pas responsable de la situation. Personne ne pouvait prévoir un tel phénomène. La seule solution pour quitter la France était d’emprunter l’Eurostar. Qu’importe. L’hommus affairi vulgarus doit faire part de son mécontentement. C’est une question de principes. « C’est un scandale, au prix du billet, vous ne savez pas à qui vous parlez, je suis le possesseur d’une carte Flying Blue Platinum, ou je connais en personne Jean-Cyril Spinetta » font parties des répliques les plus communément employées. Il est cependant toujours surprenant d’entendre parler de prix du billet d’affaire alors que le voyageur n’a rien déboursé et n’a parfois même pas les moyens de s’offrir un tel billet, même en classe économique. L’entreprise fait une faveur à son employé qui voyage dans d’agréables conditions, bénéficie des services du salon de la compagnie et se voit en plus créditer des points sur sa carte de fidélité, points qu’il peut aisément utiliser pour voyager gratuitement ou bénéficier d’un surclassement. Le batard.
Un vent de panique avait envahi le comptoir d’enregistrement. Palms et autres Blackberry(s) étaient sortis. De mon côté, point d’agenda électronique. Je suis toujours resté fidèle au calendrier des éboueurs. J’ai docilement rejoint le salon, me suis confortablement installé et j’ai pris mon petit-déjeuner. Une hôtesse est venue nous prévenir que notre avion était décalé à 10h30, puis à 11h30. Quatre heures après mon arrivée, après m’être enfilé une quantité non négligeable de cappuccinos et autres petits-fours, Air France nous invita à rejoindre le restaurant de l’aéroport. Le seul créneau de décollage disponible n’était qu’aux alentours de 13h00. À peine attablé, un charmant Stewart est venu nous chercher. Le créneau était finalement avancé à midi. Il fallait faire vite si nous souhaitions profiter de cette opportunité. Nous n’étions que treize dans l’avion. J’avais raté ma matinée musée, je m’étais gavé de sucreries, je ne pouvais pas faire la bise à Fabounet, mais j’allais arriver en temps et en heure pour assister à ma réunion.
Après m’être agressé une nouvelle fois avec ma collègue teutonne qui dégage autant de charme que le vilain japonais dans « Tintin et le Lotus bleu », je me suis rendu à mon hôtel habituel, situé sur les docks de Canary Wharf. C’était sans compter sur cette petite coquine de Nadine, qui m’avait réservé une nuit dans un autre établissement, plutôt sympatoche je dois l’avouer, à deux pas du British Muséum. Impossible cependant de résister à l’envie de lézarder dans les rayons de mes deux supermarchés préférés, Tesco et Waitrose. L’heure était grave. Mes réserves de porridge et de Curly Wurly étaient épuisées. Je devais donc réagir et la jouer à la Thanos avant de sortir mon Oyster pass et me rendre au centre de Londres.
Je devais me reposer et prendre des forces avant d’affronter une nouvelle fois ma méchante collègue allemande qui ne m’aime pas tellement tellement et que je m’amuse à faire tourner en bourrique. La sale conne. Ah, et puis j’allais oublier. Mon vol de retour a eu plus de trois heures de retard, nous avons rencontré de nombreuses turbulences et j’ai failli gerber mon ramen de la veille sur ma voisine.