Bonum m’a demandé de partir en mission en Allemagne afin d’apprendre à me servir d’un programme informatique vachement génial supposé faire le ménage, le repassage et la vaisselle et donc m’aider considérablement dans mes tâches professionnelles quotidiennes. Direction la capitale de la Bavière, ses fameuses saucisses et sa bière légendaire. J’ai toutefois choisi de partir une journée plus tôt afin de prendre le temps de visiter la ville et notamment la fameuse Pinacothèque. Mais il me fallait auparavant me rendre dans le douzième arrondissement afin de voter par procuration pour Cécilou. L’heure était grave car ce petit con d’Arnaud Klarsfeld était à deux doigts d’avoir un siège à l’assemblée nationale. Notre devoir était de bouter l’amateur de footing hors du douzième.
Après être arrivé quelques minutes avant la fin de l’enregistrement, échappé à une valise dégringolant du haut d’un escalier mécanique réalisant un magnifique strike avec trois touristes asiatiques présents quelques mètres plus bas, j’ai embarqué et miraculeusement bénéficié de l’effet rideau d’Air-France: Tu es derrière, tu bois de l’eau, tu es devant, tout est plus beau. Mes sinus étant pourris, j’ai une nouvelle fois déclanché une sinusite en m’envoyant en l’air. Une huître géante poussait dans mes sinus droits, huître déclanchant, pourquoi se gêner, une mini migraine et me donnant un regard de basset artésien. J’ai eu une petite pensée pour notre Juju national en posant les pieds sur le sol teuton. Cela faisait plus de quinze ans que je n’avais pas mis les pieds outre-rhin. La vache.
Il m’était impossible de visiter la ville en un après-midi ni de me rendre à Neuschwanstein. Je devais faire des choix et je me suis naturellement dirigé vers la fameuse pinacothèque (qui n’est pas comme son nom l’indique un bar spécialisé dans la Pina Colada , n’est-ce pas Fab), scindée en trois bâtiments contenant l’une des plus importantes collections de peintures du monde. Et en plus l’entrée est fixée à 1 Euro le dimanche. Elle n’est pas belle la vie ?
L’ancienne Pinacothèque (Alte Pinakothek) comprend des œuvres du 14ème au 18ème siècle. Des œuvres magistrales de peintres européens comme Breughel, Botticelli, Dürer (mein gott, so sexy) tapissent les murs du musée. Une magnifique sortie du tombeau de Raphaël et un imposant jugement dernier de Rubens m’ont conquis. J’ai moins apprécié les œuvres françaises du 18ème siècle.
L’huître perfide avait pensé à se reproduire le temps de la visite. J’hébergeais dorénavant une colonie de mollusques marins bivalves dans mes narines. Mais j’avais à côté de moi un précieux atout : mon adorable collègue pharmacien qui n’oublie jamais de partir sans son imposante trousse de voyage anti-tout, contenant notamment un nombre considérable d’antibiotiques à large spectre, des corticoïdes, des anti-inflammatoires non-stéroïdiens et même des suppositoires anti-hémorroïdaires (sans aucun effet sur la sinusite). Petite pensée à Petit Lu à qui je dois toujours un Vidal.
Nous avons éclipsé la nouvelle Pinacothèque (peintures et sculptures datant de la fin du 18ème au début du 20ème siècle) pour nous rendre directement dans la Pinacothèque moderne (Der Moderne). Une imposante œuvre de Chillida accueille le visiteur. J’ai tout de suite pensé à l’arbre de Kadishman, sculpture chère aux immunologistes de tous poils. Ce musée est un véritable écrin dédié à l’art moderne sous toutes ses formes : design, photographies, œuvres magistrales de Picasso, Klee, Léger, Beckmann, Kandinsky, Braque ou Rauschenberg (même si je n’adhère toujours pas aux horribles néons pourris de Flavin ni aux blocs de Beuys). J’ai vraiment été heureux de découvrir de nombreux peintres, notamment Eric Fischl et son fameux « between the bed and the chair ».
Cinq heures de marche plus tard, nous nous sommes décidés à rejoindre le centre ville. C’était la fête à Munich. La cité célébrait ses 849 ans. La place de l’hôtel de ville et ses alentours étaient remplis de joyeux buveurs de bière. Je n’ai bien entendu pas pu résister à l’appel de l’estomac et me suis enfilé deux bretzels géants, une pomme d’amour, deux sandwichs au fromage et un nombre incalculable de ces petites saucisses blanches si délicieuses. Ce régime hyper sodé était idéal pour interagir avec la dose massive de corticoïdes reçue quelques heures plus tôt. Oedème et ballonnements dus au voyage en avion m’avaient transformé en usine à gaz boursouflée.
Je n’avais pas oublié Monsieur Lapin qui s’est goinfré de charcuterie. Nous avons tardivement rejoint notre hôtel situé à Neuperlach Süd. Nous étions avant tout en Allemagne pour bosser. Quelle conscience professionnelle alors.
J’en mériterais presque une augmentation. :king_tb:
2 commentaires sur “Ach Munich!”