J’ai une passion pour les films asiatiques et pour la Chine. C’est donc avec un double plaisir que je me suis rendu dans mon cinéma préféré assister à une projection de Still Life de Jia Zhang Ke, film ayant obtenu le lion d’or lors du dernier festival international du cinéma de Venise. L’action se passe en amont du barrage des Trois Gorges, à environ un millier de kilomètres à l’ouest de Shanghai. San Ming (Zhao Tao) débarque à Fengje. Il est à la recherche de sa femme et de sa fille et ne possède qu’une adresse écrite sur un vieux morceau de papier. Sa femme s’est enfuie seize ans auparavant. Il l’avait alors acheté 5000 Yuans (environ 500 Euros). Il demande son chemin à un motard qui l’amène sur une rive. Le quartier qu’il recherche a été englouti suite à la construction du barrage des Trois Gorges. Il va pourtant tenter par tous les moyens de les retrouver. Le travail ne manque pas dans la région car on détruit de nombreux villages. La deuxième phase du barrage prévoit une montée des eaux à plus de 150 mètres. Il trouve donc très facilement un emploi qui lui permet de rester et de continuer ses recherches. Parallèlement, Shen Hong (Huang Yong) recherche son mari qui a abandonné le domicile conjugal deux ans auparavant.
Le destin de ces deux misérables n’est certainement qu’un prétexte. Je n’ai personnellement pas trouvé ce film émouvant et particulièrement réussi. Ni le jeu des acteurs, ni l’histoire, ni les images ne sont exceptionnelles. Seule la situation de ces habitants sacrifiés sur l’autel du communisme et du gigantisme est poignante. La construction de ce barrage symbolise une Chine nouvelle avide de montrer sa puissance et sa capacité à créer des ouvrages pharaoniques. On se moque royalement du sacrifice de millions d’habitants, des dizaines de villes englouties, de la disparition de centaines de kilomètres carrés de terres, de la destruction de nombreux sites historiques et archéologiques et des 30 milliards de dollars investis. Ce barrage constitue avant tout un enjeu pour les hauts cadres du parti. En réponse aux critiques, on parlera bien entendu d’indépendance énergétique, d’augmentation des capacités de navigation de Chonqing et de réduction des inondations meurtrières du passé. En cela, ce film est une réussite. Les habitants sont démunis. Démunis face à une administration qui les chasse. Démunis car ils n’ont pas d’argent pour aller ailleurs. Alors on survit comme on peut. On ne se plaint pas car on a du travail. On trafique, on vol, on menace, on tue. Les sentiments ne sont que très peu exprimés. C’est peu être un des défauts majeurs du film. Mais tout n’est peut-être du qu’aux différences culturelles. On n’exprime pas ses sentiments de la même manière en France ou en plein coeur de l’Empire du milieu.
Plus les minutes passaient, plus je pensais aux images, aux bruits et aux odeurs de Beijing ou de Shanghai (n’est-ce pas Rouge-Cerise). Car de tels chantiers existent également au coeur des grandes agglomérations. A Beijing bien entendu, où tout doit être parfait avant l’ouverture des jeux olympiques. On construit un Pekindisneyland pour plaire au public. Les pauvres sont chassés en périphérie. A Shanghai encore plus, où la vieille ville, véritable bidonville insalubre, est en train de crever à petit feu. Comme aux Trois Gorges, le gigantisme et le luxe côtoient la misère la plus profonde.
Plus les minutent passaient, plus je pensais aux rencontres faites. A la petite tailleuse, aux marchands de thé, au chanteur du Temple du ciel, aux danseurs de la colline de charbon. je m’amusais en repensant au goût de la copie qu’ont les Chinois. Tout est falsifiable. C’est un sport national. Il y a bien entendu le fake market de Shanghai, patrie du sac Lu Vuittong, de la besace Guccing, des chaussure Tuma ou de la montre Gartier. Il y a surtout les magasins qui ont pignon sur rue comme les faux Starbuck ou KFC. C’est plutôt poilant de retrouver de telles enseignes à quelques mètres des vraies. :happy_tb:
Pour m’avoir permis de replonger dans mes souvenirs récents, je ne regrette pas un seul instant d’avoir vu Still Life. Je ne suis cependant pas persuadé d’avoir vu le film du siècle. Juste une bonne petite madeleine de Proust. Pas forcement la même nostalgie que Fabrice qui rentre du Japon. Mais beaucoup de nostalgie quand même.
Nan mais attends dans la catégorie « toiles » tu n’as été voir que des daubes???? :bye_tb: :huh_tb:
Va voir « étreintes brisées » c’est du cinéma, pas le meilleur de Pedro mais putain c’est un beau-bon film. :laugh_tb: