J’ai pourtant mis mon réveil (ce qui signifie que je suis motivé). Impossible pourtant de me lever et aller faire ma petite course matinale. J’en ai tout plein les jambes, et le décalage horaire commence à faire petit à petit effet. Après un autre petit-déjeuner copieux, nous avons décidé de visiter le temple des lamas. Après une bonne heure de marche de notre hôtel, nous arrivons enfin au 12 Yonghegong Dajie. Ce temple est, d’après les guides, un ancien palais offert aux moines tibétains au XVIII e siècle. C’était même à une époque le lieux de culte lamaïste le plus important en dehors du grand Tibet. Il est conçu comme une mini cité interdite (comme finalement de nombreux palais à Pékin). On visite le lieu en passant de pagode en pagode. Ces pagodes contiennent de nombreux bouddhas. Il y en a même un de 18 mètres. Il y a de nombreux touristes et des habitants présents pour se recueillir. Un nuage d’encens flotte partout, et nous en sommes totalement imprégnés. On s’aperçoit bien rapidement que le temple est un endroit contrôlé par le pouvoir. Le Dalaï Lama est bien entendu persona non grata.
Le temps est lourd et la pluie ne va pas tarder à tomber. Nous quittons le temple pour nous rendre, toujours à pied, pour nous rendre rue de la soie, autrefois bordée de dizaines d’échoppes et de stands en plein air.
Nous traversons de nombreux quartiers de la ville. Tout est en construction. Des immeubles d’habitation, des centres commerciaux, des buildings qui feraient pâlir ceux de Manhattan. Tout est neuf et gigantesque. On rase tout pour reconstruire encore plus grand, plus haut et plus brillant. En jetant un œil derrière les panneaux montrant des photos des futurs nouveaux quartiers, on aperçoit des bidonvilles. Les milliers de personnes vivent dans la saleté, le manque d’hygiène et la pauvreté et sont exclus du miracle chinois. Tout empeste : odeur de merde, d’urine, de pollution, de bouffe. La chaleur rend tout pesant. On a presque envie de vomir.
On arrive finalement rue de la soie et sommes immédiatement agrippés par des vendeurs à la sauvette. Tous les marchands de la rue de la soie ont déménagé dans un horrible immeuble stalinien de 4 étages. Chaque étage est dédié à un accessoire de mode. Les chaussures, les robes, les pantalons. On trouve à l’avant-dernier étage des tailleurs. On nous propose de nous faire un costume 3 boutons dans le tissus de notre choix pour environ cent euros, en deux jours et livrable à l’hôtel. Le reste des marchandises semble tombé du camion et ce bâtiment se révèle être le temple de la contrefaçon. Game boy, puma, polo, tout est faux, et c’est épuisant de se débarrasser de tous les vendeurs qui nous agrippent. Je trouve enfin une montre Mao tout kitchounette tout plein. Nous restons cependant un peu plus longtemps dans le magasin car la pluie a fini par tomber. Nous sommes extenués car nous avons (encore) marché toute la journée, et finissons par prendre un taxi pour l’hôtel. 11 Yuans, cela ne sert vraiment à rien de se priver.
Après un plouf dans la piscine, nous trouvons un restaurant dans le guide du routard. Destination la rue des fantômes. On y trouve des dizaines de restaurants bordés d’allées cyclables envahies de lanternes rouges. On se croirait dans le voyage de Chihiro à l’endroit ou ses parents se transforment en cochon. Le ciel est rouge de lampions. On a l’impression que « no face » va arriver. Notre restaurant s’appelle Jin Gui Xiaoshangsheng et c’est le spécialiste de la fondue chinoise. Personne ne parle anglais et l’on nous parle naturellement (et sympathiquement) en chinois, comme si nous étions des locaux. Nous finissons par obtenir une carte en anglais. On doit choisir son bouillon, ses sauces, et les ingrédients à tremper. On nous amène une énorme bassine contenant deux bouillons différents. Un rouge très piquant, l’autre blanchâtre au poulet. La bassine est déposée dans un trou au milieu de la table et est mise à chauffer grâce à une espèce de butagaz. La serveuse revient et nous apporte une sauce à l’ail, l’autre au sésame. Puis virent les pâtes de riz, les nouilles chinoises, les pommes de terre, le porc et le bœuf.
On balance petit à petit tout ça dans la soupe. Le bouillon épicé est vraiment très fort, le chichi va être en fusion, et l’on se rabat sur celui au poulet. On bouffe comme des cochons, c’est royal, et l’on oublie vite le blanched chicken de la veille. Retour le ventre bien gonflé en taxi à l’hôtel pour un gros dodo.
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