Nous allons enfin signer l’acte d’achat de notre appartement et devenir propriétaire d’une chambre à partouze (yeah) de 21 mètres carrés à proximité de la place de la République. Rendez-vous est fixé cet après midi. Je me suis habillé pour l’occasion. J’ai mis ma plus jolie culotte porte bonheur, un t-shirt Ben and Jerry’s et mes vieilles birkenstocks. Nous devons nous rendre chez le notaire et retrouver le vendeur qui devient de plus en plus charognard.
Et j’ai l’impression qu’il y a de plus en plus de hyènes ou de vautours autour de nous. Entre notre future-ex concierge qui passe son temps dans notre appartement en notre absence pour officiellement faire visiter aux futurs locataires (et officieusement repérer ce qu’elle pourrait récupérer), notre futur ex-propriétaire qui pense que nous allons lui laisser gracieusement une cuisine et une salle de bains équipées, et la future locataire qui espère conserver certains meubles et le petit jardin que j’ai installé, nous sommes cernés. Et cela me fout vraiment les boules car nous n’avons jamais vécu dans une telle atmosphère.
Nous étions les gentils pédés de l’immeuble de bisounoursland. La concierge ne prononçait jamais le mot homochechoualle (joli accent) mais nous qualifiait de « jeunes hommes avec beaucoup de goût ». Nous lui faisions la bises, montions les courses de la vieille dame du cinquième étage ou arrosions les plantes du vieux papichou du deuxième. Nous avons par contre toujours évité la fameuse fête de l’immeuble. L’idée de voir la raie des fesses du père Lopes raide torché au dessert, de souffler dans un clairon avec la gouine alcoolique du quatrième étage ou de partager un repas avec ma connasse de voisine ne nous a jamais tenté. Nous avons toujours eu à trouver des excuses vaseuses, mais nous avons toujours pu échapper à la soirée annuelle.
Nous avons récupéré hier soir le gros chèque de banque chez notre nouvel ami, le banquier avec ses jolies dents et sa grosse montre. Nous avons discuté de notre avenir et de nos projets. Nous avons surtout réalisé que nous étions des bleus et que vivre ensemble depuis plus de 42 ans nous avait endormi. Nous ne sommes pas des hommes d’argent. Ce qui est à Snooze est à moi, et vice-versa. C’est donc naturellement que nous avons signé une procuration sur nos comptes bancaires. Cependant, nous n’avons jamais pensé à l’hypothèse « je-casse-ma-pipe-et-je-te-laisse-dans-la-merde ». Ainsi, si je passe sous un gnou ou une moissonneuse batteuse, Snooze se retrouve dans le caca bien mou et gluant car rien ne nous lie officiellement. Je n’ai jamais souhaité officialiser notre union par la signature d’un PACS car je souhaite toujours adopter en célibataire et un tel contrat réduirait mes chances d’obtenir un agrément. Monsieur B (notre gentil interlocuteur de la banque à qui parler) a donc fait des recherches sur internet. Il pensait bien naïvement que concubin ou conjoint signifiait la même chose. Nan, ce n’est pas la même chose.
Et cela m’a fait dresser les poils que je n’ai pas.
Deux pédégouines se font littéralement enculer à sec :blink_tb: par l’Etat qui ponctionne en cas de décès d’un partenaire 60% du bien. En cas de PACS, le pourcentage d’imposition tombe gracieusement à 50%. Pour les gens normaux et donc hétérosexuels, après abattement de 76 000 euro, le taux d’imposition varie de 5% (jusqu’à 7600 euro de capital) à 40% au-delà de 1 700 000 euro. Un conjoint ayant des biens évalués entre 30 000 et 520 000 euro après abattements ne sera imposable qu’à hauteur de 20%. Encore une fois, le principe d’égalité n’est pas respecté. La seule alternative qui nous est donc offerte est de faire un testament et de souscrire à une assurance censée couvrir les droits de succession quand Snooze ou moi partirons au paradis des schtroumpfs.
On m’avait prévenu. L’achat d’un bien immobilier pouvait être stressant. Mais je n’avais jamais envisagé miser sur ma propre mort. Tout est question de risque, d’âge, de milieu socio-culturel ou d’antécédents familiaux. C’est assez glauque mais il faut passer par cette étape. Mais l’important dans cette histoire est surtout que le petit Snooze soit bien protégé en cas de séparation indépendante de ma volonté.
Quoi que. Ce trou du cul risque de tout claquer en consoles de jeux. Je crois que je vais ajouter une clause spéciale à mon testament.
Dans le milieu des affaires, on appelle cela une pilule empoisonnée… :devil_tb:
1 commentaire sur “Meribel, propriétaire à la montagne”