J’ai toujours eu envie de me rendre au Japon. Tout petit déjà, via les dessins animés et autres séries pour enfants. Un peu plus tard après m’être plongé dans Kawabata. Au début de la décennie enfin, après avoir reçu pour un anniversaire un coffret Ghibli et découvert avec délices les aventures de Totoro et de ses amis. Je n’ai toutefois jamais vraiment eu l’occasion de m’envoler pour le pays du soleil levant. De l’Est de l’Asie, je ne connaissais donc que Beijing ou Shanghai. Jusqu’au jour béni ou Fabrice m’a proposé de partir en sa compagnie, celle de Marcel et de mon mari pour un long week-end-end à Tokyo. Je n’ai bien évidement pas réfléchi et ai accepté d’office sa proposition. En route pour la Japonie, dans les meilleurs conditions possibles, quelques jours avant que ce crétin d’Eyjafjöll ne paralyse toute l’Europe.
Nous avons atterri sur les pistes de l’aéroport de Tokyo Narita après onze petites heures de vol, frais comme des gardons. Je m’attendais à être perdu et à avoir quelques difficultés à m’orienter. Que nenni. Tout est simplement indiqué. Un train à réservation obligatoire relie l’aéroport au centre ville tous les quarts d’heure. Son confort est comparable à celui d’un TGV en première classe. Une heure plus tard, nous sommes arrivés à la gare centrale et avons pris un taxi pour nous rendre à notre hôtel. Seconde bonne surprise, l’établissement était situé aux pieds de la « Tour Eiffel » Tokyoïte, nous pouvions même la voir scintiller de notre chambre. Un véritable enchantement. La première soirée fut celle de la découverte de Shibuya, de son fameux passage clouté immortalisé dans « Lost in Translation »et surtout l’occasion de se rassasier en dévorant un énorme saladier de ramen et découvrir quelques spécialités locales.
La ville est formée de nombreux blocs. On peut même parler de quartiers à thème. Au centre, le Palais impérial protégé par de vieilles murailles et cerné de jardins. L’ancien côtoie le très moderne. Contrairement aux idées reçues, la ville n’est pas étouffante mais principalement constituée de larges artères et de grands trottoirs faisant souvent office de pistes cyclables. Contrairement aux métropoles chinoises, les rues sont propres: personne ne pense à jeter ses déchets sur les trottoirs ou à cracher. Les règles sont respectées, on ne traverse qu’au feu rouge, on mouche son nez et on dit merci à la dame, on s’excuse en permanence, on ne double pas, on respecte les files d’attentes, on traque le moindre gramme de poussière, on brique, on récure et on aime ça. En résumé, le Japon est le pays idéal pour le psychorigide du bulbe que je suis. Seul petit bémol: le tabac. Le pays reste une terre d’accueil et d’exil pour les fumeurs en ayant le taux de tabagie le plus élevé des pays industrialisés. Le prix du paquet est moins cher qu’en duty free et il est toujours possible de fumer dans les bars, les restaurants ou les chaines de restauration rapide. On risque donc de boucher les artères et de développer un cancer du poumon en mangeant un Big Mac. Paradoxalement, il est parfois interdit de fumer dans les rues, des bornes dédiées aux fumeurs étant éparpillées un peu partout dans la cité.
Akihabara aka « la ville électrique » est certainement l’un des quartiers les plus emblématiques. J’ai un peu trainé des pieds avant de m’y rendre car je n’avais pas l’intention de tomber dans un traquenard organisé par mon cher et tendre. Car Akihabara est le centre intergalactique des jeux vidéo. Ici, tout grouille, tout flashe, des jeunes femmes habillées en collégiennes salaces tapinent pour des restaurants ou des salles de jeu(x), des buildings sont entièrement consacrés au(x) jeu(x). On peut se faire prendre en photographie entre copines, déguisé ou pas, jouer en réseau, danser, se bastonner avec un adversaire virtuel ou passer des heures, hypnotisé, la clope au bec, dans des tripots tenus pas la mafia locale. Le Patchinko reste certainement le jeu le plus emblématique, croisement entre un flipper vertical et une machine à sous. Tout commence par l’achat de petites billes métalliques insérées une à une dans la machine. Lorsqu’une bille tombe dans certains trous, une machine type machine à sous se déclenche. Si trois signes identiques apparaissent, le joueur gagne d’autres billes. La loi japonaise interdisant le gain direct d’argent, le joueur peut échanger ses billes contre des lots, lots qui peuvent être ensuite échangés contre du liquide dans des officines fort peu légales adjacentes aux centres.
Un peu plus au sud entre le palais et le port, Ginza reste le symbole du luxe. Les grandes maisons se battent pour avoir pignon sur rue. Dior, Hermès, Channel, Gucci, Prada, mais également d’autres marques bien plus accessibles comme Abercrombie (sur dix étages) ou Mitsukoshi ne se concurrencent pas seulement via les produits que ces firmes proposent, mais également et peut-être avant tout par le design, l’originalité, la taille et le luxe de leurs bâtiments. Le contraste est saisissant lorsqu’on continue la promenade jusqu’au marché au poisson de Tsukiji, où des tonnes de thon rouge sont transformées en délicieux sushis. On y flâne, on mange, on y découvre de nouvelles saveurs. Le cuisinier amateur pourra continuer son pèlerinage dans le quartier de Kappabashi ou il pourra acquérir couteaux de très grande qualité, porcelaines, boutiques de faux sushis (idéal pour décorer son sapin à Noel) et autres accessoires de cuisines incroyables. Second bémol: prévoir absolument du cash car beaucoup de commerçants refusent la carte de crédit.
Contrairement à Kyoto, la ville ne grouille pas de temples. Le temple de Zojo-Ji était situé à quelques mètres de notre hôtel. Même s’il ne reste plus grand-chose du temple bouddhique initialement érigé il y après de quatre cents ans, l’alignement de petites statuettes de Jizo dédiées aux enfants décédés demeure très émouvant. Cerise sur le gâteau (mon dieu, comme je suis drôle parfois), avril est la saison des cerisiers en fleur. La moindre brise provoque une pluie de pétales roses, rendant le décor presque irréel. Des Tokyoïtes profitent même de l’occasion pour piqueniquer ou dormir sous les arbres. Juste au dessus du temple de Zojo-Ji, la Tour de Tokyo, construite il y a une cinquantaine d’années, est une copie blanche et orange de la Tour Eiffel qui dépasse l’originale de quelques mètres. Le parc de Ueno reste un haut lieu culturel de la ville doté de deux temples (rien d’extraordinaire) et de nombreux musées. Enfin, le temple de Senso-Ji au coeur d’Asakusa reste l’un des plus visités avec sa gigantesque pagode centrale (en travaux donc bâchée) et une autre pagode à cinq étages (la seconde plus haute du Japon).
Tout comme aux Etats-Unis, il est possible de se restaurer un peu partout dans la ville. Des distributeurs de boissons chaudes ou froides sont disposés tous les cinquante mètres et il n’est pas rare de trouver des vendeurs de nouilles ou de crêpes salées installés sous un parasol à un croisement de rues. Côté alimentation, c’est la fête du slip. Tout est bon dans le Japon. Cependant, c’est un peu la misère côté vie nocturne, même si quatre petites nuits ne sont bien entendu pas suffisantes pour explorer les moindres recoins de la ville. Le métro ferme ses portes à minuit et la plupart des restaurants ne sert plus après 22h00, même dans les grands hôtels. La seule option reste donc de prendre un taxi et de trouver un quartier animé. Le quartier gay de Shinjuku n’a rien d’extraordinaire. Les bars ne peuvent généralement contenir qu’une poignée d’amateurs de bière tiède. Passées deux ou trois heures du matin, on y trouve pèle-mèle touristes, travestis et autres passants complètement bourrés. L’ambiance générale reste cependant bon enfant. Le quartier de Roppongi, au sud-ouest, est un quartier à la mode et en pleine effervescence. On y trouve également de nombreux bars, karaokés, discothèques et de très bons restaurants.
Chouchou me l’avait bien dit. J’allais lefter my heart in Tokyo. Il avait raison. N’y rester que trois jours et quatre nuits laisse un grand sentiment de frustration. Point positif. Je sais maintenant ou me rendre pour mes prochaines (longues) vacances.
Po-si-ti-ver, il faut positiver. :dunce_tb:
Je sais également quelle destination réserver. Ton billet m’a sacrément donné envie d’y aller faire un (grand) tour :blink2_tb:
Juste une question : je me trompe où bien c’est à Tokyo qu’il y a un endroit (quartier ?) où les nouvelles et dernières technologies peuvent être achetées sans taxes ?? J’avais lu ça quelque part mais je ne sais plus où… :wub_tb:
Tout pareil 🙂 Sauf que moi c’était une semaine à Kyoto, et j’y ai laissé une partie mon cœur… J’ai hâte d’y retourner…
Frais comme un gardon… la business, ça aide !
Tokyo a été dévasté par un tremblement de terre et un incendie en 1923 : c’est pour cela que tout est neuf et qu’il n’y a que très peu de temples
BONNE FETE !
Oh c’est la tour rouge qu’on voit dans un « Un été avec Coo » . Cela faisait longtemps que tu ne nous avais pas autant gaté en photo,merci.
J’aimerais bien moi aussi faire un tour la-bas mais ce n’est vrai pas écolo et puis je ne pourrais jamais me le permettre financièrement.
Elles sont chouettes tes photos :laugh_tb:
C’est qui « garage à bites » ? :thumbup_tb:
je t’autorise à donner mon adresse mail à Fabrice…. Et c’est sans hésitation que je lui dirai oui… Pour un voyage au Japon! hé ho! A quoi tu pensais?
J’en rêve et je prends des notes, super!
T’es devenu une vraie petite japonaise… Tu envoies, toi aussi tes slips portés à de vieux pervers? :devil_tb:
Saa: de toute façon il faut coucher!…
Vous êtes partis juste avant l’éruption, et rentrés juste après ? Vous aviez été informés non ?
C’est vrai que tes billets donnent furieusement envie de visiter les pays et de tenir la main du lapin !
Je ne suis pas sûr que tout soit bon dans le Japon.
http://www.icrwhale.org/eng-index.htm
On attend maintenant des photos des emplettes !
On peut te faire une wishlist quand tu y retourneras (on fournit la valise vide si tu veux).
a ginza comme partout ailleurs dans le monde, il n’y a qu’un seul N a la véritable maison du luxe!
Où as-tu acheté Auguste Lapin ? Il ferait un cadeau idéal pour ma nièce :wub_tb:
Merci pour cet article
Merci une fois de plus pour ce chouette voyage par procuration.
Et qui me laisse un peu surprise : comment ça, pas une seule calamité de voyage, ni d’inondation en rentrant et jusqu’aux caprices du volcan islandais qui ont été évités ? Alors là, je suis épatée. :clap_tb:
Et pas de jolis japonais à mater non plus…
Alors là, je suis dépité !
raaaah je suis tellement jaloux (j’adore véritablement la photo « garage à bites » (je ne suis tellement pas vulgaire comme garçon)) 🙂
Ah merde alors, le lapin s’est fait bouffer par le gros matou gris! (et lui seul a couché avec Fab) :blush2_tb:
Mon coeur y est resté aussi, et ça fait pourtant déjà plus de 4 ans que j’y ai séjourné ! C’est la première fois que je pleurais dans l’avion en rentrant d’un séjour il faut dire que celui-ci avait des saveurs particulières … 3 mois sur-place quasimment aux frais de la princesse : ça contribue à garder de bons souvenirs.
Juste une précision : :clap_tb: je ne crois pas trop à « mouche ton nez et dis bonjour à la dame » car le fait de se moucher en public est assez mal vu, en revanche, ça ne dérange personne de passer son temps dans le métro, sous le nez de tout le monde de faire des grands « sniiiiiirrfl » … :furious_tb: