J’ai mis pour la première fois les pieds à Rome en mai dernier. Tout m’avait alors semblé merveilleux, et ces trois jours passés à vadrouiller dans les rues de la capitale italienne m’avaient fait un bien fou. Nous avions alors choisi un hôtel situé à quelques rues du Vatican et visité presque la totalité des spots touristiques au pas de course : Place d’Espagne, Panthéon, Place Navona, fontaine de Trevi et tutti quanti. La plus grosse erreur fut de passer plus d’une journée à errer au Vatican. La basilique Saint-Pierre et la chapelle Sixtine hypnotisent littéralement le touriste qui passe plus de temps que nécessaire à arpenter les marches du petit État catholique, grillant ses cartouches pour visiter le reste de la ville. Ne séjourner que trois petits jours à Rome fut donc très frustrant, et je n’avais qu’une envie, vite y revenir.

Presque aussitôt dit, presque aussitôt fait : Nous y sommes retournés le week-end dernier. Contrairement au premier séjour, nous avons choisi un hôtel plus proche du centre, car l’un des points faibles de Rome reste son système de transports en commun. A la différence d’autres capitales, il est difficile de creuser sous la cité. Si un site archéologique est découvert par hasard, les travaux s’arrêtent brusquement et ont peu de chance de repartir un jour. C’est tout du moins la principale excuse fournie par la municipalité et les différents gouvernements. Beaucoup pensent, et ils ont certainement raison, que tout n’est question d’argent : il suffirait juste de creuser un peu plus profond. Les stations de métro contournent donc tout le centre ville et il est parfois plus rapide de se rendre d’un point à un autre à pieds. De plus, le métro Romain sent un peu le pipi : à la limite du vétuste, mal entretenu, sombre, on a vite l’impression que rien n’a bougé/été nettoyé depuis au moins vingt bonnes années. Côté bus, le centre ville est caractérisé par de petites rues très étroites, le plus souvent embouteillées, qui rendent de facto tout parcours très hasardeux. Il faut donc penser à investir dans de confortables chaussures de marche.

Il est très simple de décrire la ville: tout n’est que succession d’églises, de pizzerias, d’églises, de marchands de glace, d’églises, de monuments historiques, d’églises et d’affreuses boutiques de souvenirs, tous fabriqués en Chine. Le touriste pourra ainsi facilement acquérir un costume de centurion, une nième boule à neige, un faux sac Vuitton ou Gucci, des pâtes de mauvaise qualité ou encore une photographie du Pape. On se sent instantanément en vacances car on est rapidement noyé dans le flux incessant de touristes: On entend ainsi plus parler anglais ou japonais qu’italien. Côté architecture, rien n’est à jeter. Si tous les styles se mélangent, l’ensemble est toutefois harmonieux : on trouve ainsi dans un espace très réduit tout près du Colisée les colonnes du Palatin (seizième arrondissement du gotha romain), une somptueuse place réalisée par Michel Ange, le gigantesque Autel de la Patrie érigé à la fin du XIXème siècle, un somptueux palais renaissance et enfin une basilique datant de l’empire, tous ces monuments étant presque collés les uns aux autres.

Fendi, Gucci, Prada, Dior et Vuitton : Tous les chemins mènent à la Via Condotti, certainement la plus luxueuse des rues commerçantes de la ville. Cette longue rue étroite part de la célèbre place d’Espagne pour rejoindre le Tibre. On tombe presque toujours sur cette rue sombre, car elle se trouve à la croisée des principaux spots touristiques. La mode haut de gamme semble très démocratisée. Nombreux sont les mâles romains exprimant sans aucune honte leur gène pétasse, expression associée à un tropisme tout particulier pour une certaine forme de clinquant. Rome se situant au centre de l’Italie, le chic Milanais côtoie naturellement l’exubérant Napolitain.

De nombreuses manifestations ont eu lieu le week-end dernier, a deux petites semaines des élections régionales, et notamment celle organisée par le peuple violet, mouvement citoyen d’opposition à la politique menée par Silvio Berlusconi et initiateur du « No Berlusconi Day » il y a trois mois. De nombreux manifestants ont terminé leur parcours sur ces Champs Elysées locaux. De jeunes manifestants avaient réussi à récupérer de gros ballons gonflés à l’hélium et s’amusaient à reprendre des chants partisans après avoir inspiré de larges bouffées du gaz rare : L’ambiance était donc assurée au royaume de la sape.

Rome se distingue également par la qualité globale de ses restaurants. Contrairement à Paris où le touriste peut facilement tomber dans les griffes de nombreux boui-bouis, le rapport qualité prix des menus proposés dans la plupart des établissements est plutôt positif. Nous nous sommes ainsi posés un soir dans un restaurant situé sur la place du Panthéon, blindée de touristes charmés par le décorum (le truc à ne jamais faire habituellement) et avons relativement bien diné, pour une ardoise vraiment très abordable. Mais rien n’égale le restaurant secret de la mort qui tue, restaurant qui nous a littéralement servi de cantine lors de nos deux séjours, « Il Fico », situé à quelques minutes au sud de la plazza Navona (Via di Monte Giordano). Impossible de résister à sa charcuterie, sa délicieuse mozzarella, ses fleurs de courgette farcies à la ricotta et au parmesan, le choix et la qualité de ses antipasti, sans compter sur ses desserts ou encore l’accueil du personnel. Mais c’est un secret. Chut.

Rester au moins une semaine à Rome représente un minimum syndical. Cette seconde visite nous a permis de visiter, les ruines du Palatin, de rejoindre la place du Peuple, les villas Borghèse et Medici, mais surtout, et sans hâte aucune, de flâner dans les rues et les parcs de la ville sans oublier cette fois-ci Auguste Lapin dans nos bagages. Deux sites nous ont particulièrement charmés : (i) la terrasse de la cafétéria du musée du capitole et sa splendide vue sur la ville et (ii), son pendant un peu plus au nord sur les hauteurs de la villa Borghèse.

Le retour fut sans encombre, ou presque.

Après avoir ruiné l’appartement de nos voisins du dessous il y a deux ans, nous ne partons jamais sans penser à couper eau, gaz et une partie de l’électricité. Peine perdue car notre machine à laver (débranchée de l’alimentation) s’est soudainement mise à dégueuler des litres d’eau du hublot laissé ouvert, transformant notre cuisine en pataugeoire. Je ne comprends toujours pas comment un tel phénomène a pu se produire. Une partie de l’eau a ensuite été absorbée par le parquet qui fait floc floc depuis..

Comment perdre le bénéfice d’un superbe week-end ?

Easy. En passant la soirée dominicale à quatre pattes une serpillère puis un séchoir à cheveux entre les mains, et une irrésistible envie d’éructer une quantité incroyable de mots, tous plus grossiers les uns que les autres. :furious_tb: