Lorsqu’on associe alimentation et risque, on s’oriente naturellement vers la nourriture nocive pour la santé, les mélanges qui filent de vilains boutons, ceux responsables d’embarrassants et disgracieux météorismes, les aliments trop gras qui bouchent les artères, les aliments trop salés qui augmentent le risque d’hypertension, ceux qui constipent, les sucres qui filent le diabète et pourrissent les chicots, et enfin l’alcool, qui augmente de son côté le risque de presque tous les types de cochonneries. En résumé, lorsqu’on ouvre la boîte de Pandore du bien manger, on termine ses jours en se retirant dans le Larzac, en ne mangeant que du foin et en ne buvant que de l’eau plate. Ainsi d’après l’organisation mondiale de la santé, le sucre ajouté ne doit pas dépasser dix pourcents des calories quotidiennes ingérées, soit l’équivalent d’une canette de boisson sucrée. Quant aux graisses, elles doivent représenter moins de trente pourcents de l’apport énergétique total. Et encore, il faut faire attention aux acides gras saturés qui augmentent le taux de mauvais cholestérol. Il n’y a plus de saison, on va tous mourir dans d’atroces souffrances, j’ai peur.

Certains optent pour une consommation responsable en privilégiant les produits bios, sans forcement regarder leur composition. D’autres évitent d’acheter des plats déjà préparés et plus généralement les produits transformés. Pain, gâteaux, produits laitiers. Il faut cependant consacrer beaucoup de temps au choix des produits et à la préparation des repas, l’idéal étant bien entendu de pouvoir profiter en permanence des largesses d’une nourrice pour garder les enfants, d’une femme de ménage, et enfin d’un cuisinier. Pour les pauvres, la vie est donc un peu plus compliquée. Cependant, si nous sommes de plus en plus de ménager(e)s de moins de cinquante ans (et plus) à détailler les étiquettes des aliments, peu se soucient du contenant, potentiellement aussi toxique que le contenu. Qui souhaiterait voir pousser une troisième couille ou une deuxième paire de nichon? Qui hein? Hein?

De plus en plus d’études se penchent sur les plastiques, matières à base de pétrole très largement utilisées par l’industrie agroalimentaire. Ainsi, le plastique des bouteilles libèrerait-il des perturbateurs endocriniens dans l’eau minérale. L’eau embouteillée contiendrait presque deux fois plus de molécules capables de mimer certaines hormones que celle stockée dans des bouteilles en verre ou l’eau du robinet (1). Le soleil pourrait être responsable de la dégradation des bouteilles et donc du relarguage de composés bien dégueulasses. Une autre étude avait déjà montré que les bouteilles composée de Polyethylene terephtalate ethylène (PET) pouvaient relarguer du bisphenol A, molécule capable de se lier à certains récepteurs à œstrogènes (2). Enfin, Le DEHA, composé présent dans le PVC, peut exercer une toxicité hépatique et rénale, et a même été classé comme cancérigène potentiel. Ambiance.

Cependant, et pour simplifier la vie du joyeux consommateur vigilant et soucieux de sa santé, les plastiques de la mort qui tue sont classifiés en sept catégories:

(1) PETE (Polyethylène Teraphthalate Ethylène) : notamment utilisé pour stocker les boissons non alcoolisées, jus de fruits, eau, détergents, agents nettoyants.

(2) HDPE (Polyéthylène à haute densité): utilisé dans la fabrication des bouteilles opaques de lait et d’eau, d’eau de javel, de détergents ou de shampooing.

(3) PVC ou V (Polyvinyle Chloride): films plastiques, huiles alimentaires, détergents.

(4) LDPE (Polyéthylène Basse Densité): sacs en plastique jetables, la plupart des emballages, certaines bouteilles.

(5) PP (Polypropylène): utilisé dans la plupart des produits plastiques utilisés dans les salles de bains, les soupes minute, les pots de yaourts, les pailles, certains récipients alimentaires dont les biberons de bébés.

(6) PS (Polyesthyrène) : boîtes d’œufs, les tasses et bols jetables, couverts.

(7) Autres: biberons, bidons d’eau minérale, bouteilles d’eau « sport », doublure des récipients alimentaires en métal, tasses à bec, couverts en plastique transparent. Attention, certains nouveaux plastiques bios peuvent également appartenir à cette catégorie.

Pchouit. Le type de plastique est normalement tatoué sur le produit. Un logo indiquant que le plastique utilisé est du PETE apparait sur le cul de ma bouteille de Cristaline. Même chose pour une bouteille d’alcool à brûler, fabriquée à partir de HDPE. Il est à noter que du bisphénol A est retrouvé dans la catégorie 7, du styrène dans la catégorie 6 et du DEHA dans la catégorie 3. Ces trois types de produits sont donc déconseillés. Plus généralement, il est conseillé d’utiliser des systèmes type Brita pour filtrer l’eau du robinet, de conserver les bouteilles d’eau au frais et à l’abri de la lumière, et surtout d’éviter de passer ces maudits plastiques dans un four micro-ondes. Un document en anglais détaillant les mesures à prendre est disponible ici. En même temps, celles et ceux qui souhaitent se transformer en mutants…

Cependant, la probabilité de devenir un Xmen ou Mister Fantastic est vraiment très très faible.

Quoi que devenir la torche… Yum! Yum! :thumbup_tb:

1. Wagner, M. and J. Oehlmann. 2009. Endocrine Disruptors in Bottled Mineral Water
2. Scott Belcher, Journal of Reproductive Toxicology.