La vie peut parfois être surprenante. La non paternité a toujours été pour moi une plaie purulente. Ainsi étais-je persuadé jusqu’à il a peu que je serais le meilleur des pères. Aucune discussion possible, tout cela était une évidence. J’aimais les enfants, avais une vie très stable, et les moyens de permettre à ma progéniture d’être éduquée dans les meilleurs conditions possibles. Je pensais également comme tout bon futur père que je n’allais pas commettre les erreurs de mes parents. Côté paternel, je suis resté sans intérêt avant mes vingt ans. J’étais au mieux un boulet qu’il trainait. Ma mère a tenté du mieux possible de m’élever seule, sans aide, sinon celle de ma grand-mère qui est devenue une seconde maman.
Je suis aujourd’hui persuadé que cette non paternité pourrait être une bénédiction. Si certains amis plus fortunés se sont donnés les moyens d’être pères, si d’autres le deviennent par substitution, je ne les envie pas. J’ai enfin compris que la paternité m’aurait castrée, et que je n’aurais pas été à la hauteur pour offrir toute l’attention nécessaire à l’épanouissement d’un enfant. Je suis très peu disponible, j’ai beaucoup de mal à structurer et à gérer ma vie, et la personne qui partage la mienne ne souhaite ni s’engager, ni plus la partager encore. Il serait donc irresponsable de se lancer dans cette grande aventure. Oui, je me l’avoue, j’aurais été un très mauvais papa. Ce la fait-il de moi une mauvaise personne, je ne le pense pas.
Je profite juste de la vie, au jour le jour, sans penser à l’avenir.
Aujourd’hui, je pense à lui. J’ai décidé ce jour du trente et un décembre 1999 ne ne plus avoir de contact avec mon père. Je ne souhaitais alors plus me rendre chez lui, uniquement par obligation morale filiale. Je ne l’intéressais pas, il ne m’intéressait plus. J’ai pourtant tout essayé. Je me suis épuisé à lui démontrer que J’étais quelqu’un de bien. En vain. Il m’a toujours renvoyé une image très négative de moi même. Son contact était devenu toxique. Il fallait coupe la branche pourrie de toute urgence. Aujourd’hui, je pense à lui. Il n’est père que sur le papier, et cela ne sert à rien.