Il y a quelques années j’écrivais un billet consacré à mon chat phobos. J’expliquais alors que ma mère avait fait un transfert affectif, entre son fils qui venait de quitter le doux nid familial et ce vieux chat qui partageait notre existence depuis plus de quinze ans. Je décrivais notre complicité et écrivais que je m’habituais déjà à son absence, anticipant son départ, un mélange d’anthropomorphisme et de gâtisme. Cela fait maintenant vingt ans que cette petite boule de poils est arrivée dans ma vie. Pour le meilleur et pour le pire.
Un chat reste un animal très particulier. Indépendant, n’obéissant qu’à un seul maître, il ne peut jamais être apprivoisé. On habite chez son chat. On devient dépendant de ses caprices et de ses envies. On est charmé en permanence, lorsqu’il saute sur vos genoux, vous donne des coups de tête en ronronnant, dépose ses petits coussinets sur votre joue. On reste exaspéré lorsqu’il transforme votre appartement en champ de bataille, vous griffe, vous mordille ou se venge d’une absence. Le félin ne peut qu’être le centre de votre attention, vivant sa vie en véritable pacha.
Ma grand-mère vient de fêter ses quatre vingt dix neuf ans. Fêter reste un verbe bien mal choisi car elle ne s’est jamais portée aussi mal. Je suis passé la voir le jour de son anniversaire. Elle était alitée et souffrait. Elle a pleuré quelques minutes après mon arrivée. J’avais face à moi, et pour la première fois, une personne qui renonçait. Renonçait à la vie, en avait assez de ce battre contre le temps, et de façon assez curieuse qui laissait transparaitre une lassitude qui lui permettait d’appréhender sa propre mort, une façon de s’avouer qu’elle avait fait son temps et qu’il était temps d’arrêter. Elle avait peur, bien entendu, mais elle savait au fond d’elle même qu’elle était prête. Cela faisait plusieurs mois que j’avais compris que la grande vieillesse était terrible. Tout ce qui pouvait être dit sur la plénitude des vieilles personnes n’était que connerie et mensonge. Plus on vieillit, plus on a peur de vieillir, plus on a peur de souffrir, plus on a peur de mourir. Je m’en rendais compte le soir, lorsqu’elle retardait le plus possible l’heure du coucher et profitait des dernières heures de la journée.
Nous avons bien entendu focalisé toute notre attention sur elle. Depuis, elle reprend du poil de la bête et semble, et physiquement, et moralement, se remettre d’un hiver douloureux. Samedi dernier, je suis passé la voir. Juste avant de partir, j’ai fait une dernière caresse à Phobos. Il m’a regardé avec ses grands yeux dorés, m’a tendu une patte et a commencé à ronronner. Le lui ai gratté le cou et les joues. La joue droite était curieusement gonflée. J’ai tout de suite pensé à un abcès dentaire. Il ne souffrait pas. Bien au contraire, il appréciait que je le gratte. J’ai toutefois décidé de l’emmener chez le vétérinaire.
Point d’abcès, juste un carcinome. Un putain de carcinome. Le vétérinaire me parlait de maladie, d’une possible atteinte pulmonaire. Amusant, ironique même. Je lui ai expliqué que travaillant dans le monde cruel du cancer, elle ne devait pas parler sous forme de métaphore(s). Lorsqu’on parle de maladie qui s’étend, on parle de métastases. Lorsqu’on parle de métastase, on parle de foyer primaire. Un carcinome est un cancer. Il avait une saloperie qui avait proliféré en quelques jours, de la taille d’une balle de golf. Je n’ai pas choisi de le faire piquer car il ne semblait pas souffrir et continuait à s’alimenter. Encore endormir après anesthésie, le vétérinaire m’a montré l’étendue des dégâts en ouvrant sa gueule. La gorge était prise, la tumeur saignait et sa petite langue râpeuse était tordue. Son espérance de (sur)vie était très courte, de l’ordre de quelques semaines.
J’ai bien entendu pleuré. Ce fichu chat fait partie de moi. Il reste aussi crétin et dingue que son maître. J’ai promis à ma mère de l’accompagner le jour venu. Ce matin encore, son état semblait stable. Il ne pouvait plus avaler d’aliments solides. Nous lui préparons d’immondes bouillies hypocaloriques. S’il pouvait s’endormir, paisiblement à côté du radiateur, et ne pas se réveiller.
Je tente désespérément de contacter ma mère par téléphone depuis midi, sans réponse. Je crois savoir pourquoi. Je n’ai même pas eu l’occasion de l’embrasser une dernière fois, de le serrer très fort contre mon cou et de contempler ses deux petites billes dorées.
Miaou.
Oh ben merde… voilà que ton texte me fait pleurer. J’ai toujours eu la « chance » de ne pas voir mes animaux partir. J’ai dû m’en séparer avant à chaque fois pour diverses raisons. Les amis, les nouveaux maîtres, auront peut être cette tristesse. Mais déjà, me séparer de Satis ou d’Oscar, chat et chien de leur état, était un coup de poignard.
J’ai failli perdre Satis en 2004… mon ex et moi avions décidé, avec accord du vétérinaire, de l’euthanasier. Je me rappelle encore mes larmes en conduisant vers chez le véto, la minette dans sa cage, pour la première fois docile. Puis le demi-tour, les plates excuses auprès du professionnel… et Satis perdant dès le lendemain tous les symptômes.
Courage en tous cas, ils font partie de nous, on s’y attache et leur départ est rude. Courage.
Bon bin ça y est. Les vannes de mes yeux sont ouvertes. Je ne peux que compatir à ton chagrin étant, comme beaucoup, passé par cette étape de la vie de nos compagnons à quatre pattes et autres. Quand on perd un animal de compagnie quel qu’il soit, on éprouve toujours de la peine :thumbdown_tb:
Le meilleur moyen est de souvenir de lui quand il était en bonne santé et plein de fougue. Ca permettra d’ancrer encore plus et de manière indélébile son souvenir dans ta mémoire.
Courage !
Le mien qui ressemble terriblement au tien, est en train de nous quitter aussi, et semble beaucoup souffrir! bah oui on s’attache à ses petites bêtes, qui nous donnent tellement d’affection…je compatis mon alex! :annoyed_tb:
Triste, c’est sûr. C’est pour cela qu’il faut vivre avec les vivants et profiter de tous les instants…
On sait bien que tout ça va mal finir, mais ne nous laissons pas aller ! Keep a stiff upper lip.
PS: bien sûr que ton billet m’a plu et m’a ému. Rude, mais pas insensible, tout de même.
On s’attache à un animal de compagnie parce qu’il devient un membre de la famille, surtout s’il a la chance de vivre vieux. Il y a toujours beaucoup de souvenirs…
J’ai une Mamie qui ne va plus bien, et un de ses fichus parasite ronronnant sur les genous. J’imagine bien tes sentiment du moment et je compatis. Ma puce 8 ans dans l’excés caractéristique de la jeunesse me disait justement cette semaine qu’elle ne se voyait pas survivre à nos animaux. On n’a heureusement normalement encore quelques années pour la dissuader d’en venir à de telles extrémités.
C’est pas con de s’attacher à un chat, surtout quand il a partagé 20 ans de ta vie !
Ca ne console pas, mais pensées à phobos et pleins de Bisous pour toi.
Moi je dis, les lapins, on les encule.
Mon gros chat n’a finalement pas rejoint le pays magique magique des croquettes géantes et des nuages parfum crevette.
Les ronrons raisonnent toujours, même si la fichue tumeur ne cesse de croitre. Je ne suis toutefois pas préparé à l’euthanasie, le concept m’échappe encore. J’espère bien naïvement qu’il s’éteindra tout simplement, sans souffrir, tout doucement, rapidement.
Un gros miaou, un gros grougrou.
« Un peu con quand même de s’attacher autant à un animal de compagnie. »
je crois que j’aime les cons. Miaou aussi :thumbdown_tb:
Sûr je suis une vielle conne. :devil_tb:
Des chiennes nous avions, ce que nous avons pleuré lorsque les cancers nous les ont tuées en passant par la case « euthanasie ». :thumbdown_tb:
Alors je profite de Yoni, de ses engueulades quand je reviens le lundi, de ses câlins toute la nuit du lundi au mardi.
Elle ne fait même pas de bêtises…juste des miaulements d’une variété étonnante.
Souviens toi, en larmes, des bonheurs que Phobos et toi avez partagés.
Plein de carresses. Au chat bien sûr. Bises
Non, pas con. Tant qu’on sera capables de s’attacher à un être vivant, c’est qu’on sera conscients de notre caractère aussi éphémère, qu’humain.
Et puis au fond, mériter la confiance d’un animal, c’est autre chose que celle d’un humain. On peut apprivoiser, mais on ne peut pas tricher. Alors quand il saute sur nos genoux pour quémander quelques caresses, ça vaut beaucoup.
(Ceci dit, tout ton début de billet, j’aurais pu l’écrire sur ma fille, c’en est inquiétant. Pour ma fille. Qui miaule).
Je t’embrasse fort.
Miaou ! :jittery_tb: :bye2_tb:
R.I.P. 🙁 :thumbdown_tb:
Courage roidetrefle :annoyed_tb:
Oh je compatis ! J’espère qu’il est parti comme tu le souhaitais.
Et j’espère que pour ta grand’mère le mieux se confirme et qu’elle pourra descendre à Bort dans quelques semaines.
Désolé pour toi, seule consolation,Phobos a une eu une belle vie de chat,choyé et aimé.
Ce n’est jamais con d’aimer,même un animal de compagnie.
Quel beau chat ce Phobos, s’il existe un autre endroit pour après, sûr qu’il fera des ravages !
Miaou de nous trois, la mémère à chats canadienne et ses deux chatounes adorées :'(
De tout mon coeur de mémère à chats je te serre dans mes bras et t’embrasse tendrement. R.I.P gentil Phobos.
RIP Phobos.
Et pleins de calins et de bisous pour toi mon roidetrefle.
C’est surtout qu’avec son âge avancé ça n’en ferait pas un bon civet. ^^
Vous connaissez ce dessin de Reiser qui date des années 1980 » un chat a plus de pouvoir d’achat qu’un Hindou « . Maintenant un chat mériterait plus d’attention qu’un être humain ? Parce que bon, sur le canal Saint-Martin, y’a partout des gens qui dorment dehors, des afghans qui tentent de survivre dans un square quand vos impôts servent aussi à bombarder leurs maisons etc.
Faudrait peut-être se fixer les vraies intentions. Je ne critique pas un auteur qui vient de perdre son chat, cela m’est arrivé et j’ai plein de larmes, mais dans les réponses des lecteurs, on voit des choses ridicules, qui prêtent plus d’attention à un chat mort qu’à des gens qui vivent dans la misère profonde. Putain de société française complètement inversée dans ses valeurs…
Parfois je trouve que sur sa petite tête tiède et douce,ma chatoune sent comme mes ex BB …
Comme mes ex tout petits enfants…Pourtant en âge -chat L à bien 35 ans.
Et puis elle sent mes parents de mémoire bénie,elle est toute vibrante de ronrons,me pousse avec sa tite tête.Je la prend dans mes bras comme un nouveau ne,C la même taille…
C’est con,oh yes! Ça m’empêche pas d’aimer les miens,sauf que plus un seul ne tiens dans mes bras et sur mes genoux,plus un seul accepterais tous ces câlins -bisous,ni les paroles super bêtes qui les accompagnent.Du genre »ou…l’est mimi le Minou à mémère…hou C du chat ça,madame,hou l’est doudou le KIKI d’amouououourrrrr,biyou à mémère?tite fouifouine… »
Ça fait un de ces bien!!!!
:thumbup_tb: :thumbup_tb:Mais un jour,un jour… :thumbdown_tb:C la Vie.