Mardi soir fut une nouvelle fois l’occasion pour la joyeuse troupe des prosélytes lyriques de se retrouver pour une soirée à l’Opéra Bastille. La fée Kozlika-Nanette, Gilda (très rock’n roll), Traou (et son Traounet), Benjamin de Favieres, Orphéus (très en forme), Smab, Dom, Akynou, Oli (en Abercrombie) et Matoo étaient présents. Après Rigoletto, Un bal masqué, Simon Boccanegra, Luisa Miller, Don Carlo et la Traviata, un nouveau Verdi était programmé. Et pas n’importe quel Verdi: Macbeth. J’attendais avec impatience cette représentation car Macbeth est mon opéra préféré. J’adore le livret, la partition, Shakespeare et le XVIème siècle Anglais. Zweig évoque dans l’excellente biographie qu’il consacra à Marie Stuart que Shakespeare se serait inspiré de sa vie pour le rôle de Lady Macbeth. Marie Stuart, en bonne Clytemnestre, aurait fomenté l’assassinat de son deuxième mari syphilitique, Henry Stuart, avec son amant qui deviendra son troisième mari, Jacques Hepburn. A la mort d’Elisabeth 1ere, Jacques VI (fils de Marie et de Henry Stuart) monte sur le trône d’Angleterre. Shakespeare, en onctueux flagorneur, afin de remercier le roi pour la promotion de sa troupe et sa nomination au titre de gentilhomme, lui offre Macbeth. La tragédie se déroule en Ecosse et le roi est friand d’histoires de sorcières. La boucle est donc bouclée ( voir les Tudors lire l’excellente biographie de Zweig, mais également celle de Shakespeare par Mourthé). Ouhla, mais je m’égare, revenons à Verdi et à l’orgie de lyrisme dégoulinante.
Macbeth est avant tout une histoire de passion, de trahison et de pouvoir. Les feux de l’amour version Highlander. L’argument est très simple. Tout se passe au début du premier millénaire. Rentrant victorieux d’une bataille contre la Norvège en compagnie de son ami Banquo, Macbeth tombe sur une brochette de trois sorcières qui leur prédisent leur avenir. Trop de la balle. Macbeth sera bientôt duc de Cawdor et futur roi. Quant à son pote Banquo, il n’exercera pas le pouvoir, mais ses descendants régneront après Macbeth. Tadaaah. Peu de temps après ces prédictions, le vrai duc de Cawdor est accusé de trahison et son titre est confié à Macbeth. Macbeth parle de la prédiction à sa femme qui lui suggère habilement de ne pas attendre et d’accomplir lui même et sans tarder la dernière prédiction. Le destin est en leur faveur car le roi Ducan vient squatter chez eux pour quelques jours. Mabeth n’a plus qu’à le zigouiller pendant son sommeil et faire accuser un garde. Cerise sur le gâteau, les accusations se porte sur Malcom, le fils du roi qui s’est enfui. Macbeth monte donc sur le trône en deux coups de cuiller à pot. Easy.
Oui mais voila, les sorcières ont également prédit que les descendants de Banquo régneront. Le couple infernal décide donc de faire manger les pissenlits par la racine au fidèle compagnon de Macbeth. Son fils réussit heureusement à d’échapper. Un peu stressé du bulbe, Macbeth consulte à nouveau les trois sorcières qui lui prédisent le pouvoir absolu et l’invincibilité. Aucun homme né d’une femme ne le tuera et rien ne le menacera tant que la foret de Birnham ne se mettra pas en marche contre lui. Ouhla, tant de mystère. Mais que voulaient bien dire ces trois chipies? La seule solution est de régner en tyran et de flinguer tous ses ennemis potentiels. Ambiance sanglante annoncée. Toutes les dictatures finissent par tomber. L’Ecosse se soulève et l’un de ses ennemis, né par césarienne, lui donne un coup fatal. Pan.
Le gentil amateur d’opéra s’attend donc a trouver des hommes en jupe sans culotte, des muscles saillants, des scènes sanglantes, de la testostérone, de la transpiration, des tonneaux de Whisky, le monstre du Loch Ness, de la panse de brebis farcie et une armée de fantômes. Que nenni. La représentation a commencé par une projection géante de Google Earth, zoomant progressivement sur une cour de caserne austère. Nous n’étions pas à Aberdeen au XIème siècle mais à Mourmelon dans les années cinquante. Macbeth se balade en imperméable et les trois sorcières sont remplacées par un cœur de passants. Son imposante demeure est bien loin des châteaux spartiates des Highlands, Ginette et Gérard Macbeth vivant dans une grande maison Orpi construire en grande banlieue, entre deux ronds points. Chaque scène est toutefois habilement ponctuée d’un Google Earth pour passer de la caserne grisâtre (ou peut être cité radieuse) au refuge des Thénardier.
Comme souvent à Bastille, deux représentations ont lieu au même moment: (i) sur la scène, et (ii) dans la salle. Nous avions la malchance d’être proche de spectatrices peu respectueuses de leurs voisins. Beaucoup de commentaires, de sacs froissés, de raclages de gorge, de piapiapia. Assez pour nous mettre sur les nerfs et leur demander de se calmer par un chuuuuuut très prononcé. Juste avant la fin de l’entracte, j’ai proposé à Orphéus de les prendre discrètement en photographie pour notre collection de connes. Je ne savais pas que son téléphone était doté d’un flash. Sans se dégonfler, il s’est retourné, leur a presque demandé de prendre la pause, et leur a flashé la tronche. Les mamies logorrhéiques ont été surprises mais n’ont pas protesté. Nous sommes partis rapidement dans un fou rire. Quelques mètres plus bas, Jacques Toubon, un peu bouffi, finissait le sandwich qu’il avait eu du mal à extraire de son emballage. Avait-il eu l’occasion et l’envie de faire la bise à Christine Lagarde, visage orange soutenu façon Valentino, placée à l’orchestre? Les représentants de l’UMP présents dans la salle assistaient-ils à cette représentation en hommage aux diverses traitrises et retournements de veste de la société Sarkozy et fils? Mystère et boule de gomme.
Le bilan est donc mitigé. Je garde une impression en demi-teinte de Macbeth. Je n’ai vraiment pas adhéré à la mise en scène de Dmitri Tcherniakov, et l’interprétation n’avait rien d’exceptionnelle. Aucun faux pas mais, à l’instar de Luisa Miller la saison passée, je n’ai a aucun moment vibré ni été ému. Mention toutefois spéciale à Violeta Urmana dans le rôle de Lady Macbeth, et à Alfredo Nigro dans celui de Malcom. leurs interprétations ont éclipsé celle de Dimitris Tiliakos dans le rôle de Macbeth, un peu fadasse et molle du slip.
Qu’importe. Nous allons nous retrouver samedi prochain pour assister à un récital de notre chouchoute à nous, l’excellentissime Natalie Dessay accompagné par mon autre chouchou, Myung-Whun Chung, dirigeant l’Orchestre Philharmonique de Radio France au théâtre du Châtelet.
Un livreur a sonné à ma porte samedi dernier. Il m’apportait un imposant carton. Je ne me souvenais pourtant pas avoir commandé le moindre article. Le carton contenait de gros boudins gonflés, des poches réfrigérées, mais avant tout une jolie boîte colorée remplie de macarons Pierre Hermé. Il n’y avait pas d’erreur, même si aucune carte n’était malheureusement jointe à l’envoi. Mon nom ainsi que les codes d’accès à mon immeuble étaient mentionnés sur l’emballage. Fruits rouges, caramel au beurre salé, rose, menthe, chocolat, fruit de la passion. Tout a rapidement terminé dans mon estomac. Seule une pièce (sur douze) a été gracieusement laissée à Snooze. Je remercie donc mon généreux bienfaiteur, s’il lit ce blog.
Qu’il est facile de me prendre par les sentiments avec du sucré…
J’avais pourtant pris soin de composer une missive qui devait accompagner le colis ! Bande de rustres dans cette maison. La prochaine fois je fais appel à la concurrence, Ladurée ou Gérard Mulot, ce dernier ayant le bon goût d’avoir un magasin à deux pas de chez moi, mais malheureusement n’est pas foutu de livrer. On est pas aidé 😉
tu me fais doublement envie, ce soir et par ta séance accompagnée de charmantes personnes, à l’opéra Bastille et par la séance macarron, enfin je te dis ça en m’empiffrant d’œufs en chocolat recouvert d’une couche de sucre craquant achetés pour les Pacques de mes filles….
J’ai lu quelques critiques de Macbeth effectivement un peu mitigées sur l’interprétation (et sur le paraît-il fameux contre-ré final chanté à l’octave inférieure par Lady Macbeth rhôô) j’espère que Matoo ne regrette quand même pas de m’avoir racheté ma place ! J’aurai bien aimé être avec vous, c’est bien dommage, mais c’était jazz ce jour-là… à la prochaine (avec des macarons ! :blush_tb:
Et dire que si tu avais été livré plus tôt, on aurait pu en profiter à l’entracte… (dans mes rêves)
Après dentdubonheur.com, on se met sur facedegorgone.com ? :jittery2_tb:
J’adore le titre, la façon dont tu racontes Macbeth et l’invention du Traounet. (soupir de bien-être :jittery_tb:)
PS : Excellent choix le Ardbeg Ten pour accompagner cet article. :smile1_ee:
Tu te fais truithoner par la Poste à mon avis…
Tiens, on dirait qu’un commentaire a été mangé par le cyber-rien.
J’ai vraiment aimé que les 3 sorcières soient remplacées par une foule, ça avait une force. Et si je partage ton « un peu mitigé » – la mise en scène et certains airs rajoutant de l’allégresse là où on aurait au vu du livret plutôt vu du drame, avec ou sans haggis – j’ai quand même été émue lors de certains choeurs (dont Patria Oppressa) et un ou deux airs (dont Macbeth en slip devant le Prisu … euh non, sur sa table de salle à manger).
mouais, il est certains classiques qu’il ne faut pas trop dénaturer, ou alors on adapte et on change le titre (à la Kurosawa)
Mais je suis déçuuuuuu. Il n’y a pas eu de réponse de roidetrefle sur les commentaires du billet précédent autrement plus intéressant et important que celui-là.On y parlait bouffe moyen d’occire lapins et cochons, tandis que là de l’opéra!!!!! un truc de pédé pfff.
Heureusement y a le bonus
ça me fait penser que j’ai adoré Die Feen de Wagner au théâtre du Châtelet il y a deux semaines… Un régal! Profite bien de Nathalie, la folle géniale (ça me rappelle quelqu’un mais qui?) :blush_tb:
Le Traounet et moi-même vous saluons bien (il n’a pas bien compris, tant mieux !)
Les macarons, c’est pas moi mais j’en veux bien !
@ Benjamin: Ouh, j’ai trouvé le bienfaiteur de mes adipocytes! :jittery_tb:
@ Saperli: la gourmandise est un joli défaut. :bye_tb:
@ Gamacé: Je crois savoir qu’il était très heureux de la place. :blush_tb:
@ Orpheus: facedegorgone.com, je prends! :laugh_tb:
@ la rockeuse: chut, je ne crois pas que le Traounet connaisse l’existence du blog de sa tata :blink_tb:
@ Gilda: Oh tu sais, moi et l’alcool… :happy_tb:
@ Thié Rit: j’en ai bien l’impression! :bye_tb:
@ Gilda bis: je veux des vraies sorcières! :devil_tb:
@ Alexandre: Et bien oui, je suis d’accord avec toi. :mad_tb:
@ lo greleh: si si si, juste un coup de bourre ces derniers jours. C’est fait, lalalalalalaaaaaa! :bye_tb:
@ Ditom: Natalie, elle est booooooooooooooonnnne! :furious_tb:
@ Traou: motus et bouche cousue, hé hé hé! :king_tb:
ah Dessay ! chançard!
Dis tu es sur que c’était malcolm qui était bien, parce qu’il ne chante presque pas. Par contre Macduff (Stefano Secco) qui pleure sa femme et ses fils (couché dans un parc pour bébé) était particulièrement émouvant. Un des plus beau moment de la soirée (avec celui ou Orpheus a immortalisé la tronche de nos voisines de derrière)…
pour le reste, je suis d’accord.
@ Joseph: Ohlalalalalalaaa, c’était chouette! :blush_tb:
@ Akynou: Tu as raison, il s’agissait de Macduff! :bye_tb:
Pas trop d’accord avec toi sur la mise en scène, que j’ai trouvée bien sentie dans son intention comme dans sa réalisation, une belle transposition moderne des puissants et de leurs nouvelles divinités : les foules anonymisées, les panels représentatifs, et les sondages. Assez d’accord sur les prestations, celle de Macbeth décevant, surtout au début, et la flamboyance de Violeta Urmana.
Bon, moi, j’y étais le 4, pour al Première, pas le choix, j’aurais bien partagé la soirée du 7 avec vous. Une prochaine fois ?