Mon éducation a toujours été associée à la religion catholique. Certainement plus par tradition que par conviction. Nous nous rendions joyeusement à la messe le dimanche matin et j’allais rejoindre mes amis au catéchisme le jeudi en fin d’après-midi. Ma grand-mère m’envoyait même au couvent tous les mercredis. Sœur Thérèse Monique (oui oui, cela ne s’invente pas) s’occupait de moi. Nous nous rendions souvent dans la grande bibliothèque et prenions un gros livre au hasard. J’ai ainsi beaucoup voyagé, parcouru l’univers, rencontré des personnalités hors du commun et beaucoup appris, juste en tournant les pages fragiles de ces vieux livres humides. Je sens encore l’odeur du cuir des couvertures. Je me souviens de longues retraites et de pèlerinages. Je me souviens également d’un petit ange tronc en bois peint. Lorsqu’on y déposait une pièce, l’ange hochait la tête, remerciant ainsi le généreux donateur. Un peu plus tard, j’ai naturellement rejoint les bancs d’une école catholique, et cela jusqu’au baccalauréat, en passant par les cases confirmation et profession de foi (j’étais véritablement ravissant, aérien et virginal en aube blanche amidonnée).
J’ai rapidement viré ma cuti (rien a voir avec mon tropisme pour la quequette). Je n’ai jamais renié le catholicisme, considérant simplement la religion comme faisant partie de ma culture, sans plus. Je suis maintenant désabusé et persuadé, cela depuis de longues années, qu’il n’existe pas grand-chose, ni avant la naissance, ni après le décès d’un individu. Les muscles se raidissent, les tuyaux se vident, les cellules se déconnectent, les chairs pourrissent, sèchent et s’éparpillent. Paradis, âme, tout ça tout ça, poudre de perlimpinpin, j’ai quitté depuis longtemps l’âge de cristal. Tu es poussière et tu retourneras poussière. Peut-être la seule vérité apprise au caté. J’adorerais être encore croyant. Je me souviens encore d’une amie très pieuse de ma grand-mère que j’avais emmené en Israël pour visiter les lieux sains. Elle avait alors près de quatre-vingt-dix balais, mais gambadait comme une petite fille, les yeux pleins d’étoiles. Dingue. Le petit Jésus était né à tel endroit, il avait parcouru la via Dolorosa et avait été crucifié ici. Rhalala le mont des oliviers, la mer morte. Elle n’avait pas peur de claquer. Elle savait qu’elle allait retrouver des proches au paradis. Elle était sereine et pleine d’espoir au crépuscule de sa vie. La classe.
Cela fait quelques années que la mort fait partie de ma vie. Je me suis réveillé un matin en prenant conscience que je n’étais pas immortel. Avant, je n’y pensais pas. Je prenais mon temps. La jouvence m’hypnotisait et je ne me projetais pas plus loin que le bout de mon nez. je sais maintenant que je vais mourir et j’y pense souvent, bien trop souvent, le temps filant dangereusement comme du sable dans ma main. Snooze ne comprend pas pourquoi je m’abrutis le soir avant de me coucher devant certains programmes télévisés ou pourquoi je ne peux m’endormir sans mon iPod. Tout simplement parce que je ne peux m’empêcher de penser à la disparition de mes proches, à la maladie, à la souffrance ou a ma propre mort. Je pense au cancer que je développe. Je pense au possible accident vasculaire cérébral de Snooze. Je pense également à ma grand-mère dont les heures sont maintenant comptées. Chaque fois que j’ai la chance de passer du temps en sa compagnie, je me transforme en vampire. J’aspire tout ce que je peux. Sa voix, la douceur de sa peau, son regard, son parfum, son sourire quand je m’approche pour l’embrasser. J’y pense chaque fois que je sombre dans les bras de Morphée. Me vider le cerveau est donc une nécessité, sous peine de passer une vilaine nuit blanche et me transformer en zombie verdâtre le lendemain matin.
Je m’amuse également à faire hurler Snooze en lui disant qu’un jour il me trouvera tout raide, froid, un filet de bave au bord des lèvres, dégageant une odeur de l’espace et plus trop étanche, un matin dans notre lit conjugal. Il ne trouve vraiment pas ça très drôle, et pas simplement parce que mes fluides corporels niqueraient le matelas. La nature fait heureusement bien les choses. Tout comme l’infini, la mort n’est pas quantifiable. Nul ne peut donc l’imaginer. On devient vite amnésique en reprenant la route de son propre quotidien, des joies, ses emmerdes, ses réussites ou ses échecs. La vie reprend le dessus. Elle est vraiment belle même si certainement trop courte. Quant à mon virage de cuti, c’est certainement une bénédiction. Même si dieu est amour, ses représentants ne sont toujours pas prêts à accueillir les suceurs de bite(s) au sein de leurs paroisses.
Et si l’enfer n’était qu’une gigantesque partouze gorgée d’Apollon chauds comme la braise?
Impossible. :annoyed_tb:
Cela existe déjà. Cela s’appelle l’île de la tentation et c’est diffusé chaque été sur TF1.
Que « les tuyaux se vident », ça, c’est bien la seule certitude 🙂 Croire en la vie, c’est déjà bien, je crois.
tout comme toi, la « foi » de l’enfance m’a quittée…
Tant que le réseau sera là, nous ne mourrons pas Chondrounéééééé !!! Nos écrits resteront enfouis dans les limbes de l’internénette !! :jittery_tb:
Ben voilà, je voulais faire une remarque comme quoi je ne sais plus si je viens chez toi pour les textes ou pour les photos (j’ai bien une idée) et puis ce qu’a écrit Matoo me glace.
C’est horrible, ça, d’imaginer qu’un jour il n’y aurait que tes anciens petits textes. (mine de rien, j’ai répondu à la question) Moi je crois que tu en as encore pour un sacré paquet d’années, les hypocondriaques ont une excellente longévité.
C’est « juste » pour ça qu’on a du mal à aller se coucher le soir/le matin ? Tu crois ? J’auarsi jsute dit le contraire, pour profiter complètement de la vie, ne pas perdre de moments à dormir, faire le maximum avant que le sommeil ne gagne. Au fond, c’est la même chose peut-être ?
Mon cher Chonchon,
J’attendais ce billet depuis fort longtemps. Tu avais prévenu, il y a quelques temps, que tu nous pondrais un truc sur la mort. En tant que vieil habitué (l’angoisse de mort m’étant tombé dessus dès l’âge de huit ans) je me permets de te conseiller de consulter. Un bon divan et ça repart.
Bien cordialement,
:bye_tb:
Bien d’accord avec Telle ! Qui pignotte, vivotte !
La mort, c’est l’affaire des vivants.
la religion comme culture j’approuve, résultat identique pour moi.
quand a la mort, elle existe, et elle arrivera tôt ou tard.
mais mieux vaut pas perdre son temps de vie a penser a la mort, c’est du temps gagné dessus!
Tant que tu mettras des photos de garçons pour illustrer la mort je me dis que ton cas n’est pas désespéré et c’est pas demain que tu vas passer l’arme à gauche :jittery_tb:
Je ne dirai qu’une chose : très beau post, chapeau !
Je connais 2-3 autres personnes qui n’aiment pas dormir car elles ne peuvent s’empêcher d’y penser en s’endormant. Je ne sais pas s’il est possible de vous comprendre quand on est pas comme cela. le reste, je le comprends (encore que je te trouve bien cruel avec Snooze, le pauvre !)
superbe analyse! de la vie avec religion comme horloge quasi biologique ,je dirais aussi sonore tant les cloches retentissaient de l’aube à l’aurore , et maintenant l’horloge interne que tu ressens davantage , parce qu’on prend de l’âge ou parce que des vides se créent autour de nous dont il reste des souvenirs ? alors c’est la course aux petits cailloux qu’on voudrait aussi laisser comme traces et le temps passe plus vite puisqu’on agit davantage plutôt que s’arréter parfois pour le savourer au moment présent !
Ah bon, il y a des suceurs de bites sur l’ile de la tentation? :blink_tb:
J’aime beaucoup ce billet, à la fois simple, presque insolent, mais également profond et touchant… un vrai plaisir de te lire 😉
Comme si souvent tu touches du doigt une des réalités qui (me) font parfois mal … mais tu le fais si « divinement » .. presque sans jeu de mots …
Quant à la religion, elle ne m’a point quittée … puisque ne m’a jamais habitée …
Par contre je suis très proche d’une autre religion que la mienne (parce que je suis quand mm baptisée, hein, faut pas déconner avec ça lol), celle du pays dont tu parles, et c’est la seule que je supporte … toutes les autres, je les exècre et je mange un curé chaque matin au tit déj, mais celle-là, je sais pas … peut-être, dans une autre vie, elle a été mienne, va savoir …
C’est aussi la source de mon angoisse… Peut-être parce que je suis fils unique? J’ai du mal à imaginer la façon dont je vivrai dans un monde sans ma mère… Et ça m’angoisse.
Tu ne crois pas au paradis et a l’enfer alors je te répond que oui il existe et Dieu aussi existe et l’orsque tu m’ouras et que tu te retrouveras devant ton créateur, tu te trouveras bien stupide d’avoir essayer de ne pas avoir cru en Jésus-Christ qui est venu mourir pour toi sur la croix. Mais tu sais, tant que tu n’est pas mort, tu peut toujours croire mais ne te dit pas que tu a tout le temps et que tu peut remettre cela a plus tard car jamais tu ne sait quand la mort va frapper. Je ne suis pas catholique mais je crois en Jésus-Christ notre sauveur car tu ne peut te sauver toi même, seul lui le peut. Le conseil que j’ai à te donner c’est de le chercher et lui il te trouveras. Évidament, la Bible est le livre le mieu placé pour ça. Je ne veut pas te faire peur ou je ne veut pas te convertir à une quelconque religion mais se que je peut te dire est que Dieu t’aime et il te regarde en se moment et qu’il serait peut être temps pour toi que tu te prépare une place avec lui pour l’éternité car comme tu le dit si bien, la vie sur terre est courte mais elle au ciel c’est l’éternité. C’est comme un oiseau qui vien donner un coup de bec sur la plus grande montgane du monde a chaque mille ans, quand il n’y auras plus de montagne, l’éternité de feras que commencer