Je me souviens parfaitement du premier jour ou j’ai rencontré Snooze. Nous étions dans un amphithéâtre à la faculté de pharmacie et nous nous sommes engueulés. Un vrai connard. J’étais assis juste derrière lui. Céciloo se trouvait juste à côté de moi. J’ai tout de suite compris qu’il était pédé. Mon gaydar était déjà activé. De mon côté, je n’étais pas encore certain de ma sexualité, même si je me rassurais sortais avec Anne-Claire. Nous avons petit à petit formé un petit groupe et passions plus de temps à traîner dans le jardin du Luxembourg qu’en cours. C’était vraiment la belle vie, même si ces premières années passées à l’université furent vraiment très stressantes. Le temps a passé. J’ai fini par embrasser Snooze. Il m’a repoussé. J’étais tout gêné. C’était la première fois que je faisais un truc comme ça. Quelques mois plus tard, nous nous sommes embrassés de nouveau et avons dormi pour la première fois ensemble. C’était le 13 octobre 1992. Il y a donc moins de 42 ans (42 ans, c’est l’âge de Fcrank).
Pour être très honnête, je ne sais pas pourquoi je suis sorti avec lui. Certainement pas pour le physique car il était à l’époque aussi attirant et sexy qu’un lamantin anorexique. Mon Snooze était tout maigrichon, il avait les cheveux longs, il était beau comme un enfant, fort comme un homme. Qu’importe. Nous étions tous les deux très excités par cette relation, mais nous étions également un peu effrayés. Nous découvrions notre homosexualité qu’il fallait brusquement accepter et nous avions peur d’être jugés par nos familles respectives et nos amis. Mais putain, qu’est-ce que c’était chouette d’être ensemble. Nous nous aimions, c’était notre secret à nous.
Physiquement, c’était donc pas ça. Cependant, Snooze s’est mis activement au sport, a pris une bonne dizaine de kilos et s’est coupé les cheveux très courts. Il est rapidement passé du physique Bubba Gump à celui de Monsieur Propre. Mais nous n’avions aucun goût en commun. Musique, littérature, cinéma, nourriture. Rien. Nada. Queudale. C’est peut-être pour cela que notre couple à duré, même si la septième année fut assez chaude. Il avait annoncé son homosexualité à ses amis contrairement à moi. Il souhaitait que je sorte du placard et je n’en avais pas envie. Il m’a donc posé un ultimatum. Soit tu assumes, soit je te plante pour quelqu’un d’autre. La couleuvre fut vraiment difficile à avaler, mais j’ai été assez malin et persuasif pour le garder à mes côtés. Si la situation se reproduisait de nos jours, je ne suis pas certain d’agir de la même façon. J’étais choqué. J’ai perdu 10 kilos d’un coup. Un après-midi, j’ai pris mon répertoire téléphonique et j’ai annoncé à tout le monde, mère incluse, que j’aimais la bibite et que j’étais accessoirement avec Snooze. Cette couleuvre fut également difficile à avaler pour ma mère, qui ne l’a d’ailleurs toujours pas digérée (bibite et Snooze).
De son côté, Snooze est attiré par les beaux mâles bruns virils plutôt poilus et de sa taille. Du muscle, du poil, du latin (olé), il n’y a que cela de vrai pour lui. Il bave littéralement sur Vin Diesel. Je mesure quinze centimètres de plus que lui, je suis blond, imberbe, pas latin pour un sou et pas franchement dopé aux hormones. Et moi, le poil, je n’aime pas vraiment. C’est moche, ça gratte, ça file des allergies et ça tient trop chaud la nuit. Au look Demis Roussos, je dis non.
Snooze aime toujours le chocolat au lait et moi le noir, il boit de l’alcool contrairement à moi, il est coca, je suis light, il adore les jeux vidéo et ma libido est en berne depuis longtemps, mais nous sommes toujours ensemble depuis deux fois sept ans. Il y a des hauts et des bas et nous passons notre temps à nous chamailler. Tout cela semble durer et nous ne posons même plus de questions. Nous vivons le plus souvent comme des colocataires. Chacun son plateau repas à des horaires différents. C’est comme ça.
En même temps, nous sommes bien obligés de nous supporter. Nous venons de prendre un crédit pour les vingt prochaines années.
Et qu’est-ce qu’il s’ennuierait sans moi le Snooze. :king_tb: