Le dernier week-end se devait d’être planifié. Bree van de Kamp avait repris possession de mon corps. Je devais caser trois séances de cinéma, un opéra, une visite d’appartement, deux footings, un rendez-vous chez l’esthéticienne, un déjeuner chez des amis et rencontrer notre futur conseiller financier afin de signer notre demande de prêt.
Samedi 10h00 : Rendez-vous devant notre nouvelle banque. Nous sommes accueillis par notre nouveau gentil banquier qui a tout plein de dents dans sa bouche et une grosse montre en or. Il nous a convié afin de nous rencontrer mais surtout de définir les modalités de notre futur emprunt. Nous devions notamment signer quelques papiers dont ceux de l’assurance. On ne sait jamais, un malheur est si vite arrivé.
GB (Gentil Banquier) nous remet un papier que nous devons remplir et lui remettre sur le champ. Ce document ressemble à celui que les autorités américaines demandent aux voyageurs de remplir avant de mettre le pied sur leur territoire (avez-vous participé à des crimes nazis, être-vous drogué, êtes-vous un terroriste). Je réponds non à toutes les questions. Snooze prend son temps, me regarde en souriant et coche oui à la question « avez-vous été hospitalisé les cinq dernières années ». Et bien oui, il est passé par la case hôpital il y a trois ans suite à un vilain calcul rénal.
Dans ce cas bien précis, la limite entre la connerie et la franchise est extrêmement étroite. Trop de Playstation semble inhiber les synapses neuronales.
Une fois la boîte de Pandore ouverte, GB nous a expliqué que, puisque Snooze avait coché un « non », il devait maintenant remplir un autre formulaire de trois pages listant, une par une, les affections qu’il était supposé avoir eu lors les cinq dernières années.
Ce questionnaire était confidentiel et il devait le renvoyer le plus rapidement possible au médecin de l’assurance. Bien évidemment, il a commencé à le remplir face au conseiller financier qui se posait de plus en plus de questions sur la santé physique et mentale de mon cher et tendre.
Snooze risque donc, juste en ayant coché une petite case, de retarder la signature chez le notaire et de se faire mettre un doigt dans le cul afin que la banque soit certaine que sa prostate ne déconne pas.
Nous avons ensuite pris la direction de notre futur chez-nous (si Snooze ne se révélait pas avoir une vaginite, des crêtes-de-coq ou un cancer du gland). Non, ce n’est pas la photo de Brenda, mais la tête que Snooze à fait lorsque nous avons visité l’appartement vide. C’était la première fois que nous le visitions sans les meubles des précédents propriétaires. L’appartement s’est révélé être plus grand que prévu. Plus dégueulasse aussi. J’ai commencé à serrer les fesses en pensant à tous les travaux que nous allions devoir réaliser. Murs et plafonds devaient être retapés. La jolie cuisine s’était transformée en Capharnaüm sans nom et il était impossible de rénover le sol. Nous allions devoir poser un nouveau parquet et risquions de nous passer de vacances pendant les quinze prochaines années. Un point positif : La future chambre à partouze était gigantesque. C’est donc la queue entre les jambes que nous avons pris la direction de notre actuel et joli appartement.
Nous nous sommes aperçus vers 18h30 que la représentation de la Juive débutait à 19h00. Nous n’avions pas les places et devions retrouver Vroumette sur le parvis. C’est donc quelques minutes avant le début du spectacle que je la contacte. Elle décroche son téléphone par un petit ouiiiii et m’annonce qu’elle est malheureusement bloquée chez elle à cause d’une vilaine angine blanche. Mais pas de panique : son ami Martine est partie nous rejoindre afin de nous remettre les billets. Sympa Martine.
Nous sommes finalement arrivés à l’heure à l’opéra. La place de la Bastille était noire de monde car la salle avait été évacuée suite à une alerte à la bombe. Je contacte Kozlika et lui demande de me faire signe. Elle nous attendait bien sagement sous un feu de signalisation en compagnie d’une représentante du peuple fûû et de Gilda. Mais elle était sans nouvelle de Martine. Le spectacle devait débuter d’ici quelques minutes et nous n’avions toujours pas les places en notre possession. M était coincé de son côté dans le RER. Sacré M. Il fallait vraiment être gonflé pour déclancher cette alerte. Rappel de Vroumette qui me donne le numéro de son amie.
19h03, premier coup de fil à Martine : Bonjour Martine, ici A. Je ne sais pas si vous êtes arrivée à Bastille. Il y a eu une alerte à la bombe. Nous sommes à côté d’un camion de police vers le canal. Pourriez-vous me rappeler ? Merci.
19h10 : La représentation semble annulée et la foule n’est pas de bonne humeur. On commence à parler d’une soirée au restaurant.
19h11 : Allo Martine. C’est toujours A. Nous n’avons pas bougé. Nous vous attendons. Merci.
19h15 : M est finalement sorti du RER. Il se trouve à la station République.
19h17: La représentation n’est finalement pas annulée. Les portes de l’opéra s’ouvrent et les spectateurs pénètrent à l’intérieur de l’opéra.
Entre temps je crois reconnaître Martine et commence à lui faire signe :
Iou-hou, Martine, nous sommes là !
Euh…Bonjour, Je m’appelle bien Martine, mais je ne vous connais pas. Grand moment de solitude.
19h18 : Allo Martine, j’ai un peu peur. Nous rentrons à l’intérieur.
Mais Martine, ou êtes-vous ?
19h22 : Marceeeellll Martiiiiiiiiinnne, pourriez-vous nous rappeler de toute urgence !
Nous pénétrons dans le hall d’accueil quelques minutes plus tard. M arrive en courant, suivi de Palpatine. Martine est toujours introuvable. Elle est malheureusement en la possession de cinq billets.
C’est finalement une Martine essoufflée qui nous rejoint et nous remet les précieux sésames. Nous courrons rejoindre nos places. La représentation a débuté quelques instants plus tard.
Je ne connaissais pas cet opéra datant de 1835. Le nom du compositeur (Fromental Halévy) m’évoquait vaguement le nom d’un fromage alpin ou celui de ma dermatologue. Le thème est classique : Amour, passion, secret et vengeance : Un prince d’empire nommé Léopold (Colin Lee) tombe amoureux de Rachel (Anna Caterina Antonacci) qui vit avec son père, l’orfèvre juif Eléazar (Chris Merritt). Il se fait passer pour Samuel. En gros, tout vire en eau de boudin, Leopold est démasqué, sa femme, la princesse Eudoxie (Annick Massis, voir photographie ci-contre) est verte, les amants et Eléazar sont jugés, Léopold est sauvé par Rachel mais l’orfèvre et sa fille sont condamnés. Mais tadaaah, Rachel se révèle être la fille du Cardinal de Brogni. Trop tard. A l’instant ou Rachel est précipitée dans de l’eau bouillante, Eléazar révèle la vérité au Cardinal. Et c’est dans le cul Lulu.
Le premier acte se termine enfin. C’est un peu long et pompeux. Les interprètes ne sont pas au top et Chris Merritt fait un peu pitié (désolé Kozlika :laugh_tb: ). La mise en scène fait penser à la planète Krypton. Il y a d’ailleurs des morceaux de kryptonite un peu partout. Chris Merritt manque plusieurs fois de se viander dans la fosse.
Je remarque des morceaux de Chips sur mes genoux. Ce n’était malheureusement pas de la pomme de terre mais des morceaux d’épiderme qui provenaient du crâne de mon voisin atteint de psoriasis capillaire. Ça change du voisin peteur des Contes d’Hoffmann.
Deuxième et troisième actes. Les bouuuuuhh commencent à fleurir un peu partout dans la salle. On a mal pour le vieux ténor. Comme l’écrit si justement Kozlika, nous avons assisté à une execution. Un admirateur lâche un « Encore » immédiatement suivi d’un « Connard » par un spectateur vraisemblablement peu emballé par la prestation de Chris Merritt.
L’admirateur est outré et commence à crier :
« Vous devriez le remercier pour tout ce qu’il a fait.
Vous ne savez pas ce qu’il a été. »
Et là, c’est le drame :blink_tb: . Mieux vaut ne rien dire plutôt que de défendre son idole en le faisant passer pour un has been au vibrato hasardeux.
Entre temps, M et Snooze ont eu à subir la toux de leur voisine asthmatique et Palpatine s’est trouvé un nouvel ami qui s’est endormi sur son épaule. Lors du dernier entracte, une bagarre éclata. Les spectateurs ne se sont cependant pas attardés dans la salle car l’opéra offrait des consommations gratuites (« free food » comme le dirait si bien M). Le dernier acte fut très cruel. Merritt était attendu au tournant car tout le monde attendait le fameux air d’Eléazar qui s’est, comme attendu, révélé être pathétique. Nous étions quatre à nous pincer ples lèvres. Les applaudissements ont finalement couvert les signes de mécontentement. Comme le public peut se révéler cruel et amnésique.
L’ensemble des interprètes a finalement évité l’humiliation finale au pauvre Chris Merritt. Ils sont venus saluer les spectateurs tous ensemble. Nous avons particulièrement applaudi Annick Massis, émouvante et très juste dans son rôle de princesse.
Prochaine étape : Simon Boccanegra. Il paraît que la mise en scène est à chier.
Et une pensée pour Vroumette, toujours planquée sous sa couette.
Du suspens, de l’angoisse, des révélations, de l’action, de l’humour…
Un bon épisode de Desperate Houseroidetrefle.
Mais le dimanche rassure moi, il était plus calme ?
puréé ! quels talents de narateur ! bravo :clap_tb:
Oh, nom de nom, j’aurais dû venir. Moi j’ai dîné avec un con. C’est con.
Mais quelle erreur d’avoir signalé une hospitalisation, surtout pour des calculs qu’il n’aura probablement plus !! J’ai une amie qui a fait la même connerie pour de l’asthme, résultat : plus de banque. certes les banquiers sont de vrais c…mais il ne faut pas les chercher !
Bonne chance !
Quelle journée ! Bah l’est fou S. de signaler une hospitalisation ? C’est comme à à la visite médicale du travail : tout va bien, tout va bien !
Quand à la soirée… Moi qui regrettait de ne pas pouvoir me proposer pour la place de Vroumette, finalement… Mais j’aurais quand même voulu être là.
Et le lundi, ça va ?
dans 20 ans, quand tu seras un vieux ténor du blog auteur de billets plus si terribles que ça, eh bien moi je crierai « encore » en hommage à ta verve passée 😉
@ Peter: Oui petit Peter, Desperate roidetreflewife a passé un dimanche un peu moins agité (quoi que…)
@ Snèv: Merci, je pense me lancer dans le journalisme. Il parait qu’ils ont libéré des postes chez Closer. :happy_tb:
@ Traou: Mdr. Mais tu sais pourtant qu’une soirée à l’opéra, c’est jamais triste! Et la prochaine fois, ramène ton con pour le dîner. :king_tb:
@ Fanette: Ne parle pas de malheur. Au pire, cela va retarder le prêt. Mais si cela va plus loin, cela sera une bonne raison pour divorcer. Et je vais même réclamer la garde des enfants et une pension compensatoire! :devil_tb:
@ Fauvette: Snooze est très naïf et vit au pays des bisounours. Pas possible de le changer maintenant.
Au sujet de l’opéra, je pense tenter un Simon Boccanegra vendredi matin. Interessée par une place ou deux?
@ Fcrank: Ah merci, je n’en attendais pas moins de toi. Mais je ne pense pas que tu auras vingt ans à attendre avant fermeture pour manque d’inspiration. Je pense prochainement m’installer chez toi et passer mon temps à troller. Et j’aime bien ça troller chez toi :)) :bye_tb:
L’Amoureux a fait presque la même chose : il a dit en rigolant que maintenant qu’il avait indiqué être non-fumeur, il aimerait bien s’en griller une…
J’te jure, y a des fois, on se demande comment on les recrute, nos moitiés ! :jittery_tb:
j’aurais ptet fermé bien avant toi…
Tu devrais aller à l’opéra plus souvnt, tu me fait hurler de rire à chacun de tes comptes-rendus :clap_tb:
le code s’affiche une fois sur deux. C’est aassez con de se trouver sans chiffre à entrer dans la petite case une fois qu’on a écrit son commentaire…
OH LA LA ! narrateur ! avec deux RRRRR… je suis rouge de honte (mais je tapais d’un doigt allongé sur le canapé avec un verre dans l’autre main, c’est pour ça) :blush_tb:
Tu as fini en folle hystérique en attendant Martine donc ??? Et cool maintenant que je sais que votre chambre à partouze est immense, je sais quoi vous offrir pour la pendaison de crémaillère, éh éh éh.
Et nan, chuis plus sous la couette, car je me suis dopée comme une malade pour pouvoir assister à ma formation sur trois jours (tu sais le truc post-concours en trois modules que personne ne comprends).
Du coup, chuis crevée, mais c’est hyper intéressant.
A lire tous vos compte-rendus je finis par me demander si je tente d’avoir des places pour l’année prochaine…. J’vais ptêt choisir un autre opéra.
@ Anne: On va les mettre à la fourrière, oui… :laugh_tb:
@ Fcrank: Je ne m’avancerais pas autant si j’étais toi, non non… :bye_tb:
@ Akynou: Merciiii. Pour le code, ce blog est un mystère au quotidien. :blink_tb:
@ Snèv: maime pa reumarquer allors! :king_tb:
@ Vroumette: Un sling, un énorme miroir, une dizaine de godes, ta collection de slips filet? :blush_tb:
« Lors du dernier entracte, une bagarre éclata. » : Tu étais à un opéra ou à un match de foot ???
Oui très intéréssée, 2 places, cela serait super sympa. Et la date proposée c’est quoi ?
> »Sacré M. Il fallait vraiment être gonflé pour déclancher cette alerte. »
han! C’EST PAS MOI pour l’alerte à la bombe, m’sieur l’agent; l’écoutez pas, c’était une coîncidence, nooon pas Guantanamoooo, je ressort très mal en oraaaaange!
J’adoooooooooooooore :clap_tb:
on a hate de voir ce nid d’amour 🙂
Euh c’est ma bécane qui va pas où il manque la fin du billet ?
Pour ce qui est de l’assurance, ce n’est pas tant que ça une erreur : on n’imagine pas quand tout va bien le genre d’enquête que les assureurs peuvent diligenter pour s’assurer qu’une maladie pour laquelle ils devraient rembourser ne s’est vraiment déclarée qu’après.
Quand il s’agit d’un truc assez sérieux même si on en est guéri ou en rémission, l’assurance généralement se fait quand même mais à l’exclusion de cette maladie et de ses conséquences éventuelles. Donc ça n’empêche pas d’obtenir les prêts mais ça fait qu’on n’est pas protégé (ou le survivant des achetants) pour le risque principal qu’on craint !
Si j’ai crié « connard » (oui, c’est moi !) c’est au contraire contre celui qui a crié, très ironiquement, « encore ! « . C’est moi qui ai lancé les exclamations suivantes aussi. Je suis reconnaissant à Merritt, un très grand chanteur, de ce qu’il a fait, même si aujourd’hui il n’est plus que l’ombre de ce qu’il était il y a 15 ans. Voilà, je voulais rectifier, et je suis désolé qu’on ait pu interpréter ainsi mon élan.
@ Madeleine: ni l’un, ni l’autre, juste à un match de boxe.
@ Fauvette: Je t’ai envoyé les dates. Il y en a 6 ou 7. C’est comme tu veux.
@ M: Je suis pourtant persuadé que l’orange te va à ravir :happy_tb:
@ Eric: Merciiiiiiiiiii. Raconter mes séances de cinéma hebdomadaires me prendrait trop de temps… :bye_tb:
@ fiuuu: 21 m2, c’est très grand tu sais, hé hé hé…
@ Gilda: Non, c’est WP qui déconne encore et encore…
@ Gilda bis: Gloups…
@ Pierre: De notre côté, nous avons pensé que le connard émanait d’une personne qui n’appreciait pas la prestation de Merritt. Je n’y connais pas grand chose en opéra. Je suis juste un très modeste amateur. Si je n’apprécie pas une prestation, il ne me vient pas à l’idée de huer un interprète. Je comprends votre position. J’imagine que si un/une chanteur/chanteuse que j’adore tout particulièrement se produisait, je trouverais parfaitement désagréable et déplacée toute personne la blessant comme ont pu le faire certains spectateurs samedi dernier. Cependant, et c’est certainement sorti du coeur, crier « vous ne savez pas qui il a été » donnait une image has been de Merritt et était finalement aussi cruel qu’un sifflement, même si totalement involontaire de votre part.
Reste la prestation du ténor qui n’était pas à la hauteur du rôle. C’était très certainement un combat pour lui. C’était très dur de le voir ainsi mais hors notion affective, il ne tenait plus la route.
Alors pour moi c’était clair que l’insulte s’adressait au type qui avait crié « Encore » d’une voix parodiant celle du pauvre ténor. et que c’était bien la même personne qui avait ensuite tenté de défendre, à juste titre le chanteur.
C’est juste que la seconde phrase au passé composé assassin, même dite (surtout dite) en secours était pire que tous les sifflets du monde et ce n’est pas une question d’interprétation, l’usage d’un temps du passé terminé indique irrémédiablement que pour cet artiste c’est désormais sans espoir.
Cela dit il était évident que ça partait d’un bon sentiment …