La positive attitude

Bonjour, je m’appelle Alex M. et je suis alcoolique depuis quatre ans.

J’imagine que pour une personne dépendante de l’alcool, il est très difficile d’en prendre conscience et pénible de clamer son addiction à son entourage. De mon côté, je n’ai jamais bu la moindre goûte d’alcool ni consommé des trucs qui font rire et mon seul pêché mignon est mon abus de Coke light.

Je ne suis donc pas alcoolique depuis quatre ans.

Juste en dépression depuis quatre semaines.

Il m’est aussi pénible d’écrire cela que de révéler une quelconque dépendance.

Certainement pas une grosse dépression. Une petite baisse de régime. Assez emmerdante pour me bouffer de l’intérieur et me pourrir la vie. Je suis con, moche, seul, personne ne m’aime. Idées morbides furtives, peu d’envies, sommeil haché et court, maux de tête, yeux humides, renfermement sur soi. Une grosse envie de câlin, une énorme envie d’amour et de tendresse. Je suis comme ça. Un tout petit nounours qui a envie d’être rassuré et qui a envie de savoir que son entourage l’aime.

J’ai mis trop de temps à en parler. Je sentais au plus profond de moi que je glissais petit à petit. J’ai tenté d’exprimer ce que je ressentais à mon entourage. Cette espèce de boule qui me nouait l’estomac. En vain. J’avais alors l’impression de ne pas être compris. Ayant fortement réduit mon alimentation par manque d’appétit, j’ai maigri. Sept kilos en moins de quinze jours. Mon doudou me disait en plaisantant que j’étais une grosse vache avant les vacances de Noël. Je suis maintenant une vache indienne, la vénération en moins. Heureusement que ma ceinture électrique est là pour me permettre de conserver mes chairs fermes et toniques (Humour).

J’ai également tenté de mettre les cartes sur table. In petto en moi-même.

Mais d’où pouvaient bien provenir mes putains d’angoisses ?

Acceptation de mon homosexualité et implications dans la vie de tous les jours, impression de schizophrénie permanente, rupture consommée avec un père homophobe-fasciste-antisémite-antitout, relation avec une mère niant mon homosexualité, renferment permanent sur moi-même, manque de confiance en moi et surtout envers les autres, autodénigrement permanent, responsabilités et stress professionnel souvent étouffants, peur de rater mon année universitaire, enfin peur de la maladie et de la mort, peur de l’avenir en général. En résumé, un grand classique pédébobolandesque.

J’ai craqué il y a une dizaine de jours et tout balancé à Snooze. Juste pleuré dans ses bras et raconté mes malheurs. Il m’a fait un gros câlin. Nous avons longuement discuté. J’avais des yeux de panda et une limace gluante toute verte qui coulait du nez. Des amis devaient passer à la maison et il me restait une petite heure pour être présentable. J’ai donc plongé dans un grand bain moussant, lancé un DVD et commencé à mater « 30 ans sinon rien ». Si ce n’est pas un signe de déprime.

Nos invités sont finalement arrivés en retard. Je n’avais pas vu J depuis plus d’un an. Notre relation a connu des hauts et des bas. Nous nous sommes appréciés, ignorés, puis haïs pour mieux nous retrouver quelques années plus tard. Snooze a sympathisé avec lui à la faculté de pharmacie. J’étais jaloux de leur relation à l’époque. J était assez homophobe et ne savais bien entendu pas que j’étais avec Snooze. Depuis qu’il sait pour nous, il s’est toujours révélé être un amis extrêmement fidèle. Ce dîner était pour lui l’occasion de nous présenter sa future femme. A est jolie, drôle, cultivée, spirituelle, et surtout très complémentaire de J. Je suis persuadé qu’ils vont faire un bon bout de chemin ensemble.

Snooze a tenté de me changé les idées et m’a convaincu de me rendre à l’anniversaire de l’incroyable Fabien le lendemain soir. Fabien est le mari idéal. Si un jour Snooze me plaque, je tombe directement dans ses bras. Le monde est vraiment petit. Le petit Nono connait lui aussi Fabien via son ancien mari.

L’incroyable Fabien n’avait convié ce soir là qu’une petite trentaine de personnes à sa petite fête. Nous sommes généralement habitués à en rencontrer bien plus, notamment le jour de sa soirée annuelle. C’était l’occasion de revoir d’anciens comparses de faculté mais également de rencontrer son nouveau chéri, doté d’un nom follement exotique à mes yeux, Jad.
Rhaaa Jaaaad, sourire ravageur, petits yeux en amande. Je n’ai pas été insensible à son charme méditerranéen. L’effet fut apparemment réciproque car l’incroyable Fabien a indiqué à Snooze qu’il serait inconscient d’accepter un dîner chez nous en compagnie de son nouveau mari. Les invitations sont pourtant lancées.

Je n’ai pas vu passer la semaine dernière. Il y a eu des hauts et des bas. J’ai passé d’agréables soirées en compagnie de personnes vraiment délicieuses et fait de surprenantes et plaisantes rencontres.

Enfin, ce week-end, juste après une période panda-limace, je me suis rendu compte que j’avais la chance d’être entouré d’amis sensationnels, du couple ostéopouponneur à mon fils néobricolopharmacoblogopropriocuisinier, en passant par d’autres, hélas plus éloignés physiquement.

J’ai un doudou qui m’aime, des amis, un poste en or, un appartement chaleureux, une concierge efficace, un chat obèse et un corps de rêve. Je suis peut-être trop con de pleurer sur moi-même.

Oui, roidetrefle est une sacrée connasse.

Mais la boule est toujours présente, même si cela va un tout petit peu mieux.

25 commentaires sur “La positive attitude

  1. Merde dis donc, je crois que je suis pédébobolandaise !

    Je te souhaite tout plein de courage et je délègue à Snooze la tâche de te faire un doux et gros câlin de ma part. J’étais bien chez vous l’autre soir, on sent une harmonie très forte entre vous et aussi dans votre appartement ; je suis sûre que ça te donnera la force de pouvoir émerger. Je te le souhaite très fort en tout cas :wub_tb:

  2. Ohlalalala, je ne sais jamais quoi dire, moi, dans ces situations là. Je serai d’ailleurs aussi assez du genre à ne rien dire, faire comme si de rien n’était et me laisser m’auto-convaincre que rien ne va. Ma Cigale me dit toujours qu’il faut lui en parler, et je sais qu’il a une oreille attentive, mais…

    Alors, finalement, comme kozlika: fait confiance à ton Snooze! :bye_tb:

  3. « De mon côté, je n’ai jamais bu la moindre goûte d’alcool ni consommé des trucs qui font rire et mon seul pêché mignon est mon abus de Coke light »
    –> Ne cherche pas plus loin les causes de ta « boule » !

  4. « Certainement pas une grosse dépression. Une petite baisse de régime. Assez emmerdante pour me bouffer de l’intérieur et me pourrir la vie. Je suis con, moche, seul, personne ne m’aime. Idées morbides furtives, peu d’envies, sommeil haché et court, maux de tête, yeux humides, renfermement sur soi. Une grosse envie de câlin, une énorme envie d’amour et de tendresse. Je suis comme ça. Un tout petit nounours qui a envie d’être rassuré et qui a envie de savoir que son entourage l’aime. » => dsl c’est moi ca pas toi…

    Allez un gros calin et promis, je passe te voir en mai quand je viens à Paris

  5. Prends une journée…je m’arrange pour faire garder pumkin et on se fait une énorme journée de pétasse!….shopping, tea-gros-gateau-plein-de-chocolat time (souviens toi de cette énorme glace dans le marais cet été que tu m’as offert quand moi j’étais pas au top!), masque au concombre sur la tronche en écoutant l’intégrale de nos daubes, et peut être même quelques épisodes d’Ally ou de Sex in the city…et pour finir, une terasse matage de beaux mecs …on va la pulvériser la boule!….

  6. Désolée d’apprendre que c’est pas la grande forme roidetrefle…Et surtout de ne pas m’en être aperçue :blush_tb:
    Pour aller dans le sens de Cécilou, n’oublies pas qu’il y a un lush à paris, de quoi faire des réserves, et pour la journée pétasse et pour les bains qui te délassent !
    Quand à la boule que tu as toujours malgré ta « positive attitude », c’est bien norma,l à force d’encaisser parfois la pression est trop forte !
    En tout cas Blunt et moi sommes de tout coeur avec toi (et là je m’aperçois qu’avoir des connaissances qui s’appellent ainsi pour quelqu’un qui ne boit pas et ne fume pas de cigarette rigolotte c’est quand même paradoxal :happy_tb: )
    Bisous.

  7. @ Kozlika: Pédébobolandais de tous les pays, unissez-vous !Mi casa es su casa (et heureux de ne pas faire partie du [1] de ton dernier billet) :thumbup_tb:

    @ Fauvette : :wub_tb: (et le code semble marcher à nouveau, chouette alors)

    @ Rouge cerise: La cigale est de bon conseil, n’en change surtout pas.

    @ Fcrank : Ben oui, je suis conne moi alors. C’est ça. Je vais faire un mémoire sur les effets anxiogènes du Coca light. Déjà que l’aspartame file le cancer, je suis vraiment mal barré ! La première fois que je traverse un trou d’air à cause du diet coke…Hourra ! le voila le titre de mon prochain billet. :bye_tb:

    @ Kitt : merci mon Kittounet

    @ Cecilou: Partant pour une journée pulvrisation de boule. Mais n’es-tu pas de ton côté en dépression du post partum? :laugh_tb:

    @ Matoo: Chouette alors, j’adore les cafards aux asperges, sauf bien entendu s’ils trainent dans ton lavabo… :annoyed_tb:

  8. tu sais aussi que tu a un p’titfilspoilujoueurquiaimeleshébaetbientôtdemichatçaveutdirequoid’alleurs qui t’aime et qui adore jouer avec tes grandes mains :thumbup_tb:

  9. Comme je connais bien cette impression de mal être… Cette petite chose qui fait qu’on perd pied… sans vraiment bien comprendre le pourquoi… puisque toi, tu n’es ni con, ni moche, ni seul, et que beaucoup t’aime… Et puis parfois dans la vie, il est bon de réclamer un peu plus d’attention de la part des autres, un peu plus de présence, un peu plus de tendresse, de démonstration, de mots, … Parce qu’on est un peu plus fragile, qu’on a besoin de ça à ce moment là pour aller mieux ou pour ne pas sombrer de trop… Mais comment le dire ?
    Alors moi, de si loin, je peux juste te prendre virtuellement dans mes bras et te faire de gros bisous… tout doux, tout léger… comme un nuage qui passe, comme un flocon de neige qui flotte dans le vent…

  10. Rhôoo mon chondrounet, j’ai passé une formidable soirée avec vous, que tu es doux, et ton mari…miam: c’est quoi son rire de pétasse (pire que moi). j’espère que c’est juste une baisse de régime saisonnier. je ne suis pas pédéboolandaise moi alors, plûtot d’un optimiste béat ( pas mieux). En revanche il va falloir faire un régime, arrêter l’alcool heu non
    Pleins pleins de bisous poutous

  11. Alors moi je dis que ça vient du manque de luminosité hivernal ! Et je dis aussi que si ça continue à souffler comme ça, l’arbre va tomber (aucun rapport avec le reste, mais ça m’inquiète quand même :blink_tb:)

  12. Je me disais aussi que je t’avais trouvé une petite mine quand je vous ai croisés l’autre soir, de retour de « shopping » avec Snooze. Même que j’étais drôlement contente de vous voir même pour 2 minutes.
    En cas de boule sur l’estomac, il faut en parler, c’est le meilleur moyen de l’alléger. (en revanche, en ce qui me concerne, quand je suis dans cet état-là, je PRENDS 7 kilos en 15 jours, c’est agaçant, n’empêche)
    A bientôt pour boire un verre (pif pour moi, coke à chépaquoi pour toi)
    Et plein de zoubis !

  13. La dépression c’est ton meilleur ennemi car elle est toujours a tes coté quand on se sent fatigué, ailleurs et que les moments simples deviennent compliqué comme de recevoir et de faire bonne figure même si l’envie n’y est plus et qu’on préfère rester au fond de son lit.

    C’est vrai qu’il faut beaucoup de courage pour l’affronter mais il y a une chose qu’on ne peut pas partager ces bien cet ami là car cette relation que tu as avec elle personne ne peut la comprendre.

    Alors un bon conseil ne compte pas sur ton entourage mais continue a positiver comme tu l’as écrit et n’oublie jamais que ton pire ennemie c’est toi-même et toi seul peut trouver la force d’en faire ton pire ami.

    Bon courage et surtout mange beaucoup de chocolat. Hi hi hi.
    :blush_tb:

  14. Courage. Si tu arrives à en parler c’est que c’est sur la bonne voie, non ? Et puis, les dépressions, t’en fais pas, on connaît (enfin moi oui).
    Je te renvoie une charge d’embruns. Et comme Fauvette, le cœur et l’amitié sont là.
    :jittery_tb: :bye_tb: :thumbup_tb: :bye_tb: :jittery_tb:

  15. Heu, pareil que tous les autres. Mais j’ajoute aussi qu’une dépression n’est pas petite ou grande. Elle a aussi des raison et des conséquences chimiques, un problème de connexion de synapses qui ne sont pas des jérémiades et des « jem’attendristropsurmoijemeregardetroplenombril » et que ça se soigne… Et pas en automédication avec anxyolitique…
    Pour en arriver à perdre l’apétit quand on aime manger et à perdre autant de kilos, c’est que ça devient préoccupant, un peu plus que la déprime de pédébobo…

    En tout cas, ta note m’a rappelé bien des souvenirs. Et notamment ce recul pour annoncer aux autres que ça ne va pas. d’abord qu’on ne veut pas emmerder les autres avec des « conneries » et puis aussi, quelque part, un certain sentiment d’échec qui n’arrive pas à passer…

    en té cas :wub_tb: tout plein

  16. Purée on a la même manie ! culpabiliser avant d’arriver à dire à son mec que ça ne va pas ! Ben oui quoi on a tout, on devrait aller bien !!!

    Des bisous enneigés rien que pour toi …

  17. Tout ça c’est la faute à la météo, on est comme les plantes on sait plus trop où on en est… :happy_tb:
    Courage, la déprime part aussi vite qu’elle arrive! Besitos

  18. une solution : prendre ça de haut… Mais je veux dire de très haut, sa vie comme un petit point vu du ciel… ça permet de relativiser le verre d’eau dans lequel parfois on se noie… ça peut marcher ! :bye_tb:

  19. Pour avoir eu un père dictateur du prolétariat familial et une « mère juive » (1) antisémite, je me dis que même si ta vie par ailleurs va tout bien (une concierge efficace, mazette !) c’est p’têt ben ces «  »détails » »-là qui sont en train de te travailler
    « un père homophobe-fasciste-antisémite-antitout », « une mère niant mon homosexualité ». Parce que même si on parvient à se construire malgré eux, vient un âge, variable selon les personnes, où ça nous rattrape, ne serait-ce que l’insidieuse petite musique d’un regret persistant : ce serait tellement plus simple de pouvoir admirer ses parents (et les pleurer à leur vieille mort d’un franc chagrin).
    Profite du bon, en attendant (le) mieux.

    le fait d’avoir eu un père

    (1) de caricature je veux dire, un peu les travers du rôle qu’interprétait Marthe Villalonga.

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