J’ai vu un OVNI cinématographique. « La mort de Dante Lazarescu » est un film roumain réalisé par Cristi Puiu. Le réalisateur est venu présenter son long-métrage jeudi soir à l’UGC cité ciné des Halles, en compagnie de (la superbe) l’actrice Luminta Gheorghiu (que l’on pourra bientôt voir dans la seconde saison de Lost).
Dante Lazarescu a 63 ans. Il vit seul dans son petit appartement depuis la mort de sa femme il y a huit ans. Pas vraiment seul : il partage sa vie avec ses 3 chats, Nushu, Mirandolina et Fritz. Son existence est précaire.
Sa fille Bianca a quitté la Roumanie pour le Canada. Ce soir, il ne se sent pas bien. Il appelle une première fois une ambulance. Il vomit. Il a mal à la tête. Il contacte sa fille. Il rappelle l’ambulance. Il est vraiment mal. Il se soigne seul. Et donc mal. Il avale n’importe quoi. Tout est bon pour faire passer cette maudite douleur.
Il sonne à la porte de ses voisins, Sandu et Miki. Il dérange. Sa voisine est en pleine préparation de confiture de coing. Il demande un médicament pour faire passer ses maux de tête et d’estomac. Ils pensent qu’il a un peu trop bu. Seulement, il commence à vomir du sang.
L’infirmière arrive finalement et lui prend ses constantes. La tension est un peu faible. Il a de la température. Sentant l’haleine alcoolique de Dante, elle lui injecte des vitamines et du glucose mais, après une réflexion, elle décide de l’emmener à l’hôpital le plus proche, suspectant une tumeur au côlon. Ben oui, c’est forcément ça, sa femme est morte du cancer. Entre temps, la voisine essaye désespérément de refouler sa moussaka à Dante.
A l’hôpital les choses se compliquent. Les victimes d’un accident de la route sont les priorités des médecins. Un carambolage a eu lieu. En plus, on a pas franchement envie d’admettre un patient alcoolo et on le renvoie dans un autre hôpital. Ce qui au début avait l’air d’une simple formalité tourne au cauchemar. Tout au long de la nuit, l’ambulance traverse la ville, essayant de trouver un hôpital qui accepte le patient dont l’état de santé se dégrade d’une manière alarmante. Finalement, un hématome sous-dural et un cancer non-opérable du foie sont diagnostiqués. Le film se termine par la tonte du pauvre Dante, à l’agonie, avant son opération censée soulager sont gros hématome crânien.
Pour être très honnête, je n’ai pas d’avis sur ce film.
(i) Au bout d’une heure, j’ai commencé à mettre en boule ma grosse écharpe. Je l’ai ensuite déposée sur l’épaule de Snooze. Je me suis calé et ai sombré pendant une (très) grosse heure. Snooze m’a raconté ce que j’avais manqué.
(ii) Le film ressemble à un documentaire sur les conditions de vie précaires en Roumanie et sur un système de santé aberrant. La façon de filmer est hyper-réaliste. Il serait facile de s’indigner de la façon dont ce pauvre malade est considéré dans ces hôpitaux d’un autre âge. Cependant, il suffit de fréquenter certains hôpitaux parisiens pour se rendre compte que nous ne sommes pas mieux pris en charge.
(iii) Certains pourront considérer que ce film est génial, d’autres que c’est terriblement chiant.
(iv) Même si le film semble très long, on sort vraiment ému par ce vieux bougre malade et alcoolique.
Au bout d’une heure, un bon tiers de la salle avait déserté. Une femme se poilait a chaque fois qu’il arrivait un malheur à Lazarescu. Son rire était sans doute nerveux. Elle m’a fait flipper pendant tout le film.
Autre sujet bien passionnant, « The Constant Gardener« .
Ce film est une adaptation d’un roman de John Le Carré et retrace l’enquête de Justin Quayle, un diplomate britannique en poste Kenya. Sa femme, ayant découvert les manipulations d’une firme pharmaceutique menant des essais cliniques douteux sur des populations très vulnérables atteintes de tuberculose, a été assassinée. Quayle, à la recherche de la vérité, se retrouve alors au coeur de manipulations politico-mafio-industrielles.
C’est assez amusant, le logo de la branche du laboratoire Helvetico-canadien incriminé dans le film («tree bees») ressemble très fortement à celui d’un laboratoire suisse dont le nom est proche de « Moche » à une lettre près.
Pour la petite histoire, estimant probable que les laboratoires se retrouvent sous le feu des médias après la sortie du film, le syndicat européen de l’industrie pharmaceutique a préparé un plan de riposte. Cette association a élaboré un argumentaire afin d’aider les responsables de la communication des labos à répondre aux questions embarrassantes des journalistes, s’ils devaient être sollicités sur les pratiques dénoncées dans le film.
Il faut avant tout contrer fortement toute suggestion que l’industrie pourrait avoir des pratiques contraires à l’éthique, insiste ce syndicat dans ses recommandations, s’alarmant que le film mette sur le même plan les trafiquants d’armes et les laboratoires pharmaceutiques.
L’association insiste également sur le fait que les laboratoires doivent avoir vis-à-vis du film une communication réactive et non proactive. Elle liste une série d’arguments qui peuvent être repris à leur compte par les laboratoires et donne même un exemple de communiqué pouvant être utilisé.
Tout est question de communication.
Juste un dernier mot sur « Esprit de famille ». Cette comédie dramatique raconte l’histoire de la rencontre entre Meredith, executive woman coincée, et la famille bobo de son fiancé, Everett. Etant fortement réceptif aux comédie américaines de ce genre, je ne pouvais qu’apprécier ce long-métrage. Les scénaristes ont fait du bon boulot. Tout est calibré. Les scènes comiques alternent avec les scènes d’émotion avec la précision d’un métronome. La véritable vedette est la famille Stone, et plus particulièrement Diane Keaton qui est décidemment une très grande actrice. J’ai été charmé du début jusqu’à la fin (et oui, je l’avoue, j’ai également beaucoup chialé).