Cette journée commençait pourtant bien.
Chaleur estivale, beau temps en perspective. Je décide donc d’aller bosser en vélo.
Je mets mes écouteurs, radio branchée sur France Inter. Stéphane Paoli interviewe Philippe de Villiers qui bave sur le projet de constitution et sur Chirac et Jospin. Très bonne émission. Paoli explique que le président du Mouvement pour la France serait le grand gagnant du “non” et que dans l’optique d’un FN déstabilisé par son gériatrique président, il récupérerait toutes les voix souverainistes du FN. Il lui pose aussi la question du recrutement du chef de pub du FN pour sa campagne… pas de réponse. Les extrêmes, ça fout les boules. L’émission se termine.
Je crois que je vais voter oui.
Après avoir pris dans les poumons la moitié des pots d’échappement de paris, la belle ville de Saint-denis se dresse devant moi. Dépôt de mon vélo juste à côté de la moto de mon grand chef, montée en ascenseur, atterrissage de cul sur mon fauteuil après avoir salué ma très charmante collègue.
Elle commence la journée à pester, (et à juste titre) on nous a demandé en début de semaine de justifier notre activité en remplissant des tableaux incompréhensibles, et cela pour demain. En gros, nous devons nous taper tous les dossiers, réunions, déplacements, rapports, et autres avis de l’année 2004 en les hiérarchisant, commentant et datant précisément : un cauchemar.
Dans ces grands moments de solitude, on appelle nos collègues des autres unités en leur demandant s’ils ont à faire le même genre d’exercice. J’appelle donc Snooze, qui me confirme que nous sommes les seuls à avoir à rédiger de tels documents. Il paraît même que nous sommes une unité pilote. En gros, on teste toutes les nouvelles mesures chez nous et on observe. Nous allons finir par être l’unité “pensum”.
Près de deux heures après mon arrivée, mon boss finit par pointer son nez. Il est légèrement agressé par un flot de mécontentement dégoulinant de notre bureau. Et comme d’habitude, tout se termine par un « ben qu’est-ce qu’il nous fait le papy bougon, hein…il râle encore…et pourquoi, hein? il a pourtant presque terminé tous ses tableaux ». J’adôôôôre mon Boss, mais dans ces moments bien particuliers, je me retient toujours pour ne pas lui sauter à la gorge (et c’est bien parce que je l’adore que je ne lui saute pas dessus).
Tout à donc terminé par un « groumph » profond et silencieux (chez ma collègue aussi).
Pour résumer la situation, nous passons notre temps à justifier notre temps en fournissant pléthore de tableaux et notes divers et variés. Pendant nos ateliers secrétariat, les dossiers s’accumulent et nous nous faisons taper sur les doigts parce que nous ne pouvons pas traiter toutes les demandes en temps et en heure. Ca sent le pétage de plomb aigu.