Samedi après midi, Snooze et moi-même avons glandé à la maison et maté la guerre des étoiles, ambiance oblige. Nous sommes tombés comme des enfants dans cette univers mystico-kitch et bien évidemment avons décidé à la fin d’aller voir le dernier volet de la première trilogie au cinéma. Après avoir été échaudés par les files monstrueuses avant la projection du second opus, nous avons décidé de bien faire les choses. Réservation de la place, réveil à 8 h ce dimanche (…), annulation du jogging dominical. Moins de queue que prévu, atterrissage de nos deux culs en plein milieu de la salle, bonheur intense et satisfaction.
Après vingt très grosses minutes de publicité, le générique commence enfin.
Tout débute par une bonne grosse bataille aérienne qui déchire sa mère. Des vaisseaux sifflent dans l’éther, des grosses soucoupes volantes bombardent une station spatiale, survolent la planète Coruscant en faisant des virages risqués: on comprend vaguement que la République, défendue par les Jedi, se défend contre les attaques du Comte Dooku qui a lancé ses troupes de droïdes pour prendre le pouvoir. Pendant dix bonnes minutes, on en prend plein la gueule avec en bonus des répliques frisant le « comment vas-tu yau d’poêle ? ».
Sous la houlette du maléfique Général Grievous, une sorte de robot asthmatique doté d’un vrai cœur, et surmonté d’un crâne de grosse vache, les Sith veulent racheter le Cosmos à la découpe, comme un vulgaire immeuble parisien. Ah, les saligauds!
Anakin Skywalker, avec son mentor Obi-Wan Kenobi, se bat pour défendre la démocratie. Et pourquoi tout ça ? Pour aller sauver le pauvre et onctueux Chancelier Palpatine, enlevé par le Sith Dooku (qui ressemble à mon ancien maître de thèse). Nos deux valeureux héros arrivent à pénétrer dans le vaisseau de Dooku et délivrent Palpatine (pour savoir comment il a été enlevé, prière d’acheter le DVD du dessin-animé censé faire la transition entre les opus II et III). Ce fourbe Palpatine convainc Anakin de descendre Dooku. Tout semble rentrer en ordre sauf que la grosse vache de Grievous s’est tirée. Zob ! Tout est à refaire.
En revenant à la maison et dans les bras de sa dulcinée Padmé, Anakin apprend qu’il va être papa. Cependant, il fait des terribles cauchemars et voit la mort de Padmé pendant l’accouchement, tout comme il voyait la mort de sa mère. Il a peur, il est mal, il transpire, il joue comme un pied. Palpatine le convainc que le seul moyen de sauver sa femme est d’utiliser le fameux «côté obscur de la Force». Fin de la première heure de projection. Mis à part la première scène, on s’ennuie et regarde très souvent le cadran de sa montre : première déception.
Anakin se met donc finalement au service du Seigneur des Ténèbres. Les yeux d’Anakin deviennent oranges et son sourire se fait grimaçant (gnac). Il a viré sa cuti, c’est trop tard, l’univers est cuit, fuyons. Le Sénat est conquis démocratiquement par Palpatine qui est en fait le tyran Darth Sidious, chef des Sith.
Après une belle course-poursuite avec un lézard-dragon ailé obèse hystérique pour aller débusquer Grievous, il y aura une dernière bataille (la meilleure) au-dessus d’un océan de lave en fusion sur la planète Mustafar. Obi-Wan ferraille avec Anakin: le Mal progresse. Tout se termine par un corps déchiqueté, carbonisé, récupéré, réparé, revissé: avec un léger chuintement, un casque noir couvre le crâne horriblement brûlé d’Anakin. La caméra recule: voici Dark Vador, avec son fameux pchouit, sa respiration lourde et sa voix de basso profondo à la « This is CNN headline news ». Padmé accouche, meurt, Leia et Luke sont placés, le cercle est achevé: il ne reste plus qu’à enchaîner avec la guerre des étoiles.
Ce film est un film facile, c’est un volet raccord. On a partout entendu que ce film était fantastique, bien plus sombre que les deux précédents volets lourds et niais. A croire, et sans faire d’antiaméricanisme primaire, que le côté texan rural et profond de Lucas (le côté obscur) a pris le dessus sur le marchand de rêve. La pétasse aiguë en moi notera encore une fois le côté has-been des coiffures des héros, avec une mention spéciale pour Obi-Wan, qui ne se laisse jamais décoiffer, qui pleuve ou vente.
Et moi je dis bravo.
On reste cependant sur notre faim. Bien entendu, on sort tout ému du visionnage. Pas pour la manière de filmer, pas pour l’expression des acteurs, proche d’un mauvais Belmondo à la « tagada me voilà », pas pour la beauté de Padmé, pas pour les effets spéciaux, mais tout simplement parce que la boucle est bouclée, que nous connaissons enfin la genèse de Dark Vador, et que nous prenons une fois de plus conscience que nous nous sommes pris près de trente ans dans la gueule, et ça, ça fait mal.